Les prix Nobel en économie

 


Economie2000

1) Prix Nobel d’économie : les lauréats les plus emblématiques

 2024 (Stockholm)
Le prix Nobel d’économie a été décerné lundi à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson pour leurs recherches qui expliquent pourquoi les sociétés où l’État de droit est faible et les institutions abusent de la population ne génèrent pas de croissance durable.

Les trois économistes « ont démontré l’importance des institutions sociétales pour la prospérité d’un pays », a déclaré le comité Nobel de l’Académie royale des sciences de Suède lors de l’annonce à Stockholm.

« Les sociétés où l’État de droit est déficient et où les institutions exploitent la population ne génèrent pas de croissance ni de changement positif. Les recherches des lauréats nous aident à comprendre pourquoi », précise-t-il.

MM. Acemoglu et Johnson travaillent au Massachusetts Institute of Technology et M. Robinson mène ses recherches à l’Université de Chicago.

« Réduire les vastes différences de revenus entre les pays est l’un des plus grands défis de notre époque. Les lauréats ont démontré l’importance des institutions sociétales pour y parvenir », a déclaré Jakob Svensson, président du comité du prix en sciences économiques.

Il a fait valoir que leurs recherches ont permis « une compréhension beaucoup plus approfondie des racines de l’échec ou de la réussite des pays ».

Contacté par l’académie d’Athènes, en Grèce, où il doit prendre la parole lors d’une conférence, M. Acemoglu, né en Turquie et âgé de 57 ans, a déclaré qu’il était surpris et bouleversé par cette récompense.

« On ne s’attend jamais à quelque chose comme ça », a-t-il déclaré.

M. Acemoglu a souligné que les recherches récompensées par le prix soulignent la valeur des institutions démocratiques. « Je pense que, de manière générale, le travail que nous avons effectué est en faveur de la démocratie », a-t-il déclaré lors d’un appel téléphonique avec le comité Nobel et des journalistes à Stockholm.

Mais il a ajouté que « la démocratie n’est pas une panacée. Introduire la démocratie est très difficile. Lorsque vous introduisez des élections, cela crée parfois des conflits. »

Période difficile pour les démocraties

Interrogé sur la manière dont la croissance économique dans des pays comme la Chine s’inscrit dans les théories, M. Acemoglu a expliqué que son point de vue est généralement « que ces régimes autoritaires, pour diverses raisons, auront plus de mal à atteindre des résultats d’innovation durables à long terme ».

MM. Acemoglu et Robinson ont écrit en 2012 un succès de vente dont le titre peut se traduire par Pourquoi les nations échouent : les origines du pouvoir, de la prospérité et de la pauvreté, dans lequel ils affirmaient que les problèmes créés par l’homme étaient responsables du maintien de la pauvreté dans les pays.

Dans leur travail, les lauréats se sont intéressés, par exemple, à la ville de Nogales, située à la limite de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Bien que partageant la même géographie, le même climat, de nombreux ancêtres et une culture commune, la vie est très différente de chaque côté de la frontière. À Nogales, en Arizona, au nord, les habitants sont relativement aisés et vivent longtemps ; la plupart des enfants obtiennent leur diplôme d’études secondaires. Au sud, à Nogales, dans l’État de Sonora, au Mexique, « les habitants sont en général considérablement plus pauvres. […] Le crime organisé rend la création et la gestion d’entreprises risquées. Les politiciens corrompus sont difficiles à éliminer, même si les chances d’y parvenir se sont améliorées depuis la démocratisation du Mexique, il y a un peu plus de 20 ans », a écrit le comité Nobel.

La différence, selon les économistes, est que le système américain protège les droits de propriété et donne aux citoyens la possibilité de s’exprimer sur leur gouvernement.

M. Acemoglu a partagé son inquiétude lundi du fait que les institutions démocratiques aux États-Unis et en Europe perdaient le soutien de la population. « Les démocraties sont particulièrement sous-performantes lorsque la population pense qu’elles ne sont pas à la hauteur, a-t-il expliqué. Nous traversons une période difficile pour les démocraties. […] Dans un certain sens, il est crucial qu’elles retrouvent le terrain favorable d’une meilleure gouvernance. »

Le prix Nobel d’économie est officiellement connu sous le nom de Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. La banque centrale l’a créé en mémoire de Nobel, l’homme d’affaires et chimiste suédois du XIXsiècle qui a inventé la dynamite et créé les cinq prix Nobel. Les tout premiers lauréats furent Ragnar Frisch et Jan Tinbergen en 1969.

L’année dernière, Claudia Goldin, professeure à l’Université Harvard, a été honorée pour ses recherches qui contribuent à expliquer pourquoi les femmes du monde entier sont moins susceptibles que les hommes de travailler et pourquoi elles gagnent moins d’argent lorsqu’elles le font. Elle fut seulement la troisième femme parmi les 93 lauréats en économie.

Bien que les puristes du Nobel soulignent que le prix d’économie n’est techniquement pas un prix Nobel, il est toujours décerné avec les autres le 10 décembre, jour anniversaire de la mort de Nobel en 1896.

Les prix Nobel ont été annoncés la semaine dernière dans les domaines de la médecine, de la physique, de la chimie, de la littérature et de la paix.

Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, créé en 1968, récompense chaque année une ou plusieurs personnes pour leur contribution exceptionnelle dans le domaine de l’économie.

2) Les années précédentes :

2019 : Esther Duflo, Abhijit Banerjee et Michael Kremer

Le prix Nobel d’économie 2019 a été attribué à la Française Esther Duflo et aux Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer. Ils ont été récompensés pour avoir « introduit une nouvelle approche pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde ». Par exemple en divisant la question de la pauvreté en sujets plus restreints, comme la santé des enfants ou l’amélioration des systèmes éducatifs. Professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), où exerce également son mari Abhijit Banerjee, Esther Duflo devient, à 46 ans, la plus jeune lauréate et la deuxième femme primée de l’histoire du Nobel d’économie.SIPA

2014 : Jean Tirole

Cet ancien élève de Polytechnique – qui est notamment le président et co-fondateur de l’école d’Economie de Toulouse et qui est aussi professeur invité au MIT – a été récompensé pour son « analyse de la puissance du marché et de la régulation ».

2009 : Elinor Ostrom

L’Américaine Elinor Ostrom (1933-2012) est la première femme lauréate du prix Nobel d’économie. Cette spécialiste de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs a été primée « pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d’usagers ». Sa réflexion permet d’envisager d’autres modes de gouvernance dans la gestion des ressources environnementales.

2002 : Daniel Kahneman

Fondateur de l’économie comportementale, ses travaux en psychologie de la connaissance et de la décision se sont attachés à remettre en cause la rationalité fondamentale de la pensée, fondement des théories économiques néoclassiques. Il a été récompensé du prix Nobel pour « avoir introduit en sciences économiques des acquis de la recherche en psychologie, en particulier concernant les jugements et les décisions en incertitude ».

2001 : Michael Spence, Joseph Stiglitz et George Akerlof

Les trois économistes ont été récompensés « pour leurs contributions à l’analyse des marchés avec information asymétrique ». Dans une situation où l’information n’est pas parfaite, les interactions entre individus sur les marchés peuvent conduire à des contrats où les prix sont rigides : c’est là le principal apport des travaux des trois Nobel d’économie 2001.

1998 : Amartya Sen

Spécialiste des problématiques de la pauvreté et du développement, cet économiste et philosophe indien a reçu le prix Nobel d’économie pour « sa contribution à l’analyse du bien-être économique ». Amartya Sen a « jeté les bases théoriques permettant de comparer différents modes de répartition du bien-être social et de définir de nouveaux instruments pour mesurer la pauvreté », a précisé l’Académie royale des sciences économiques. C’est à Sen que l’on doit en partie la notion d’IDH (indice de développement humain) qui prend compte de critères plus larges que la croissance ou le PIB pour évaluer le bien-être.

1997 : Myron Scholes

Cet économiste canadien obtient, avec Robert Merton, le prix Nobel d’économie « pour une nouvelle méthode pour évaluer les produits dérivés ».

1988 : Maurice Allais

Pupille de la nation devenu major de polytechnique, Maurice Allais (1911-2010) entre à l’Ecole des Mines après un voyage aux Etats-Unis en 1933, qui suscite sa vocation d’économiste. Il a été récompensé du prix Nobel d’économie « pour ses travaux théoriques sur les marchés et l’allocation optimale des ressources ».

1987 : Robert Solow

Cet économiste américain a été récompensé par un prix Nobel pour ses travaux pionniers sur la croissance, grâce à sa célèbre théorie permettant de modéliser la croissance économique, avec pour variables principales le travail et le capital. Ce modèle sera ensuite approfondi et complexifié par d’autres économistes.

1976 : Milton Friedman

Fondateur de l’Ecole de Chicago, Milton Friedman (1912-2006) a été un critique virulent de l’interventionnisme étatique et des politiques économiques keynésiennes. Il a reçu le prix Nobel d’économie pour « ses découvertes dans le champ de l’analyse de la consommation, de l’histoire et de la théorie monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de stabilisation monétaire ».

1974 : Friedrich von Hayek

Economiste et philosophe, Friedrich August von Hayek (1899-1992) soutenait que les crises économiques sont la conséquence de l’excès de crédit résultant des politiques monétaires trop souvent laxistes. Il a reçu le prix Nobel d’économie pour « ses travaux pionniers dans la théorie de la monnaie et des fluctuations économiques et pour son analyse pénétrante de l’interdépendance des phénomènes économiques, sociaux et institutionnels ».

1970 : Paul Anthony Samuelson

Le professeur américain Paul Anthony Samuelson (1915-2009), du Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, s’est vu attribuer le prix Nobel d’économie – le premier décerné à un Américain – « pour le développement de la théorie économique en statique et en dynamique et pour avoir élevé le niveau d’analyse en science économique ». Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie en 1972, l’a qualifié de meilleur économiste de l’histoire.

Voici la liste de tous les prix Nobel d’économie. Le prix Nobel d’économie est décerné tous les ans afin de récompenser le lauréat pour les avancées scientifiques qui résultent de ses travaux. Plusieurs personnes ou organismes peuvent être récompensés la même année.

3) Liste de tous les prix Nobel d’économie :

2024 Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson
2023 Claudia Goldin
2022 Ben Bernanke,Douglas Diamond, Philip Dybvig
2021 David Card, Joshua Angrist, Guido Imbens
2020 Robert B. Wilson
Paul Milgrom
2019 Abhijit Banerjee
Esther Duflo
Michael Kremer
2018 William Nordhaus
Paul Romer
2017 Richard Thaler
2016 Oliver Hart
Bengt Holmström
2015 Angus Deaton
2014 Jean Tirole
2013 Eugene F. Fama
Lars Peter Hansen
Robert J. Shiller
2012 Alvin E. Roth
Lloyd S. Shapley
2011 Thomas J. Sargent
Christopher A. Sims
2010 Peter A. Diamond
Dale T. Mortensen
Christopher A. Pissarides
2009 Elinor Ostrom
Oliver E. Williamson
2008 Paul Krugman
2007 Leonid Hurwicz
Eric Maskin
Roger Myerson
2006 Edmund Phelps
2005 Robert Aumann
Thomas Schelling
2004 Finn E. Kydland
Edward C. Prescott
2003 Robert F. Engle
Clive Granger
2002 Daniel Kahneman
Vernon L. Smith
2001 George Akerlof
Michael Spence
Joseph Stiglitz
2000 James Heckman
Daniel McFadden
1999 Robert Mundell
1998 Amartya Sen
1997 Robert C. Merton
Myron Scholes
1996 James Mirrlees
William Vickrey
1995 Robert Lucas, Jr.
1994 John Harsanyi
John Forbes Nash
Reinhard Selten
1993 Robert Fogel
Douglass North
1992 Gary Becker
1991 Ronald Coase
1990 Harry Markowitz
Merton Miller
William Forsyth Sharpe
1989 Trygve Haavelmo
1988 Maurice Allais
1987 Robert Solow
1986 James M. Buchanan
1985 Franco Modigliani
1984 Richard Stone
1983 Gérard Debreu
1982 George Stigler
1981 James Tobin
1980 Lawrence Klein
1979 Theodore Schultz
Arthur Lewis
1978 Herbert A. Simon
1977 Bertil Ohlin
James Meade
1976 Milton Friedman
1975 Leonid Kantorovich
Tjalling Koopmans
1974 Gunnar Myrdal
Friedrich Hayek
1973 Wassily Leontief
1972 John Hicks
Kenneth Arrow
1971 Simon Kuznets
1970 Paul Samuelson
1969 Ragnar Frisch
Jan Tinbergen

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