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LES FONDEMENTS DU CAPITALISME
Les principes : Analyser le capitalisme consiste à déterminer les éléments fondamentaux de ce système et leur « but commun ». Un élément sera fondamental si sa suppression remet en cause le système tout entier. Pour reprendre l’image de l’organisme vivant, la décapitation prouve que la tête est un élément indispensable à ce « système » alors que l’amputation d’un membre n’entraîne pas les mêmes effets ! Quels sont donc les éléments fondamentaux du système économique en vigueur dans les pays occidentaux actuels ? Le système capitaliste tel que le connaissent aujourd’hui les grandes nations industrielles, n’a pas toujours existé. Il est issu d’un ensemble de circonstances historiques et de faits sociaux qui se sont combinés au progrès technique pour constituer un système appelé à évoluer encore. En effet, après
la première révolution industrielle, il se renforce et se structure dans
les pays occidentaux puis il s’étend au-delà de leurs frontières et connaît
une expansion de type colonial. Puis le capitalisme parvient à une phase
de son évolution longtemps considérée comme son apogée : la « société de
consommation ».
Le système capitaliste repose sur des fondements : – d’une part juridiques, qui définissent les droits des citoyens et la liberté d’entreprise, – d’autre part idéologiques, dont les bases sont le libéralisme qui se traduit par l’individualisme et les lois du marché ; – enfin économiques, exprimées par les lois naturelles régissant l ‘économie et le rôle moteur du profit. Le capitalisme est un système commun à de nombreux pays mais présente des formes très diversifiées ; toutefois cette apparente contradiction se trouve résolue grâce à ses fondement individualistes qui lui ont permis des évolutions différentes tout en respectant les moeurs et les cultures des nations au sein desquelles il s’est implanté. Par exemple, les capitalismes suédois ou néerlandais, dans lesquels l’Etat et la protection sociale jouent un rôle prépondérant, sont fort différents du capitalisme américain beaucoup plus libéral ; de même il est difficile de comparer le système français, encadré et réglementé, avec le capitalisme « sauvage » des nouveaux pays industrialisés. Bien que capitalisme se soit construit, au moins à ses débuts, de façon spontanée, il repose sur un certain nombre de lois. Les fondements juridiques s’appuient sur des textes législatifs qui confèrent à leurs citoyens des droits en matière de liberté d’ action et de propriété individuelle. D’autre part, sur le plan économique les sociétés capitalistes modernes fonctionnent à partir de mécanismes et de concepts fondamentaux comme la division du travail, les prix, la monnaie, les marchés. Enfin, le capitalisme est sous tendu par une idéologie : le libéralisme ; elle peut selon les pays, les époques (et les auteurs) revêtir des formes diverses et exercer sur les structures du capitalisme différentes influences. Le libre jeu du marché et la non-intervention de l’ Etat, le rôle de l’intérêt individuel dans le comportement de l’agent économique en sont les principes essentiels. Retour sommaire1 Les fondements juridiques du capitalisme : Le système capitaliste démocratique, tel qu’il apparaît aujourd’hui en Europe ou aux Etats-Unis, repose sur un certain nombre de règles. Le respect de ces règles assujettit la vie économique et lui assure une certaine cohérence. Ces règles peuvent être groupées en trois catégories : *La liberté de la propriété individuelle, transmissible par héritage, et sans restriction quantitative (les plus grosses fortunes peuvent être transmises) porte sur tous les biens possédés, et particulièrement sur les moyens de production. Cette propriété peut être soit individuelle, soit sociétaire. En effet, pour répondre aux besoins de capitaux de plus en plus importants exigés pour assurer le financement les investissements de la grande entreprise, les sociétés par actions ont été créées en 1867. * La liberté du travail signifie que chaque individu a le droit de choisir son activité. Aucune profession ne peut lui être imposée, cependant, l’accès à certains métiers est réglementé. * La liberté d’entreprise signifie que tout individu est libre de créer une entreprise, à condition toutefois qu’il puisse avancer les fonds nécessaires pour financer les facteurs de production. A l’issue de la production, l’entrepreneur peut réaliser un profit qui lui permet d’accroître son capital. L’usage de ces libertés est guidé par l’intérêt personnel, car en système capitaliste, les agents économiques sont seuls juges de ce qui est bon pour eux. Cette morale a souvent été critiquée, car elle s’ oppose à certaines vertus telles que la solidarité et la fraternité, très répandues dans d’autres types de sociétés. Mais les partisans du capitalisme et en particulier, les libéraux pensent que l’intérêt personnel est le meilleur garant de l’efficacité économique. Cependant, il existe
des capitalismes non démocratiques. Ce n’est pas parce que le régime de
la libre entreprise existe dans un pays, que pour autant sont garantis
le pluralisme des partis politiques, les élections libres, la liberté
d’opinion et d’expression et l’absence de racisme. On peut trouver dans
le passé, de nombreuses illustrations de ce capitalisme non démocratique,
dans les systèmes capitalistes de type corporatiste, fascisme, nazisme,
etc… et actuellement, on peut encore l’ observer, dans certains pays
du Proche-Orient et surtout d’Amérique Latine.
Le libéralisme est l’ idéologie sur laquelle repose le capitalisme. Le libéralisme est à la fois une théorie, une doctrine, un programme et une pratique. Il est lié, de façon indiscutable, au principe de liberté. Aussi le libéralisme constitue-t-il le fondement idéologique du capitalisme dans la mesure où il s’attache à promouvoir la liberté économique sous toutes ses formes. Dès 1776 avec la parution de la "Richesse des nations" d’Adam Smith, les principes du libéralisme, dans leurs grandes lignes, sont nettement exprimés. Ils se rapportent tous à l’individu, liant ainsi fortement libéralisme et individualisme. Les individus, doués de raison, capables de déceler leurs propres avantages, doivent suivre leur intérêt personnel. La liberté leur donne la possibilité de déterminer eux-mêmes leurs actions, dont ils sont pleinement responsables, au sein du monde où règne la concurrence entre les individus. Ces quatre principes: liberté, intérêt personnel, responsabilité, concurrence, jouent par le biais de l’offre et de la demande dans une économie de marché qui requiert deux institutions fondamentales: la propriété privée et le contrat, ou la liberté de contracter. Les libéraux tirent de cette analyse deux conclusions essentielles. Les individus étant libres dans leurs choix, l’ intérêt bien compris de chacun, en d’autres termes l’égoïsme individuel, pousse à l’utilisation la plus efficace possible des ressources et doit ainsi permettre la satisfaction des besoins de tous. Ce sont les prix des produits qui guident chacun dans ses choix, qu’ i1 soit producteur ou consommateur. Que la demande d’un produit soit supérieure à l’offre et que son prix augmente, les chef d’entreprises sont incités à modifier leur production, à rendre plus adéquate à la demande l’allocation des ressources. Les prix tendent ainsi à imposer un ordre préférable aux autres, pour ainsi dire naturel. Laissez faire, laisser aller, cela signifie que l’Etat se désengage du fonctionnement de l’économie. L’Etat doit se contenter des fonctions de police et de sûreté, c’est-à-dire se cantonner à la défense des droits de propriété contre les différentes atteintes qui les menacent tant de l’intérieur que de l’extérieur. La fonction des
lois, dans la pensée libérale, est d’assurer la protection de cette sphère
dans laquelle chacun peut se conduire comme il le veut, ce qui implique
qu’elles délimitent la latitude d’action laissée à chacun de telle sorte
que les différentes libertés puissent coexister pacifiquement. Le capitalisme constitue un système économique comportant des caractéristiques communes à tous les pays où il s’applique, mais dont les modalités observées restent contingentes. Paul Samuelson – Américain, prix Nobel d’économie – indique ici trois grands axes caractéristiques, articulés autour des concepts clés : le capital, la division du travail et la monnaie. Une autre caractéristique importante est constituée par le marché, c’est-à-dire le « lieu » de rencontre de l’offre et de la demande. La société économique moderne comporte trois caractéristiques importantes : 1 . La technologie industrielle avancée des temps modernes est fondée sur l’utilisation d’ immenses quantités de capital, équipement mécanique perfectionné, fabriques et usines opérant sur une grand échelle, magasins et stocks de produits bruts, semi-finis et finis. Notre économie a été baptisée « capitalisme » parce que ces capitaux ou richesses sont en majeure partie appropriés par des individus : les capitalistes. 2. Le système économique contemporain est caractérisé par une spécialisation des tâches poussée à un degré presque incroyable et par une division du travail ultra-ramifiée. 3. Notre économie fait un usage extensif de la monnaie. Le flot de monnaie est le sang qui irrigue le système. La monnaie nous fournit également l’étalon de mesure des valeurs. Il existe des corrélations tant entre ces caractéristiques elles-mêmes qu’entre elles et le mécanisme des prix. Nous constaterons, par exemple, qu’une division très poussée du travail n’est rendue possible que grâce aux grandes facilités de commerce et d’échange procurées par la monnaie. La monnaie et le capital sont reliés par les opérations de crédit du système bancaire et par les marchés organisés de capitaux sur lesquels les valeurs mobilières peuvent être converties en monnaie (et réciproquement). Enfin, bien entendu, la relation entre le mécanisme des prix et la monnaie est directe et évidente. Un droit de disposer
totalement des biens est donné à chaque individu : c’est la propriété
individuelle. Mais comme les individus doivent se rencontrer pour échanger,
ces rencontres sont organisées et consacrées par la seule reconnaissance
des contrats individuels. L’ensemble de ces rencontres où s’affrontent
ces sujets libres et tout puissants forme ce qu’on appelle un marché.
Un marché c’est en quelque sorte, une arène où se heurtent des volontés
autonomes : c’est une lutte ou un jeu, où chacun s’efforce de triompher.
Une telle analyse
systémique des économies occidentales entraîne de profondes divergences
entre les auteurs. Bernard Billaudot écrit: » traditionnellement on parle,
à droite, d’économie de marché et, à gauche, de capitalisme pour désigner
le mode dominant d’organisation de l’activité économique dans l’ Occident
moderne ( Alternatives économiques Juin 86) ».
L’analyse libérale tourne autour des notions de marché et d’individu. 1) L’ élément fondamental: le marché Les économistes libéraux se représentent l’économie comme un ensemble de marchés. Au niveau de la production, l ‘entreprise est le carrefour de plusieurs marchés. L’expression » économie de marché » signifie que la concurrence est l’élément fondamental d’ une telle structure économique. Cette logique de marché oblige les entreprises à ne pas faire de pertes si elles veulent assurer leur activité à long terme. En effet, une entreprise capitaliste qui accumule des pertes ne peut survivre pendant un certain temps (avant de disparaître ou faire, de nouveau, des bénéfices), qu’en » consommant » son capital et ses ressources propres pour payer ses dettes ou acquérir d’autres biens puisque la demande sur n’importe quel marché doit être solvable. 2) Le but commun: la recherche de l’intérêt individuel d’où découle l’intérêt général : Le mécanisme du marché décrit seulement le mode d’allocation des ressources sans expliquer l’objectif d’une telle organisation. Pour les libéraux. depuis A. Smith, le moteur de l’économie de marché est la recherche de l’intérêt individuel. « Car ce sont les individus qui, en recherchant le plus grand profit personnel avec le minimum de coût, sont spontanément appelés à concourir pour réaliser l’intérêt général. En effet. il est normal qu’ils recherchent la production la plus avantageuse et la plus économique, les conditions socialement et techniquement les meilleures (2). 3) Le fondement idéologique de l’analyse libérale: l’ individualisme : a) La liberté individuelle Dans l’optique libérale, la production dépend de libre initiative des individus. Cela signifie que le premier problème : « qui produira ? » et le second « comment produira-t-on ? sont résolus, de la façon la plus simple, par la liberté. Chacun a le droit de combiner comme il l’entend les divers facteurs de production : capital et main d’oeuvre, pour fabriquer, en telles quantités et qualités qu’il lui plaira, Ies marchandises susceptibles de faire l’objet d’une demande sur le marché « . Dans le même sens, le consommateur est » libre » d’acheter ce qu’il veut, son choix étant guidé par ses besoins et le prix (cf. les analyses marginalistes). Enfin, » chaque individu choisit de se spécialiser dans une branche de production : création de marchandises ou de services pour laquelle il a le plus d’aptitudes et de goût. Cette division libérale des productions tend vers un optimum économique, puisque chacun est supposé s’employer librement dans la position la plus rationnelle « . Cette notion de « liberté individualiste » fut inscrite dans le droit français lors de la Révolution de 1789. Selon le décret d’Allarde des 2-17 mars 1791, » il sera libre à toute personne… d’exercer telle profession art ou métier, qu’elle trouvera naturelle… » Dans le même sens, la loi Le Chapelier des 14-17 juin 1791 interdit tout groupement professionnel et toute coalition dans le but d’empécher la reconstitution des corporations. D’une façon générale, les rapports de travail sont abandonnés à « l’autonomie de la volonté » : » le contrat est qualifié par le code civil de louage de services, le travailleur louant contre un salaire sa force de travail (conception du travail-marchandise). Il se forme librement et son contenu est librement fixé, notamment le taux du salaire . b) La responsabilité individuelle : Si l’individu est libre de sa conduite, il est aussi personnellement responsable de ses actes. Cette responsabilité est aussi bien pénale qu’économique. Au niveau pénal, on a tendance à juger la matérialité de l’infraction sans tenir compte des circonstances sociales et économiques qui pourraient atténuer cette responsabilité individuelle. Ainsi, en Angleterre, l’exode rural, provoqué par l’expulsion de paysans de leurs terres à cause des » enclosures « , fut à l’origine d’une multiplication des mendiants à Londres. » A l’époque où More écrit L’Utopie(1516) il y a quelque 70000 mendiants à Londres, et les jugements sommaires pour vol et vagabondage enverront au bourreau 70 000 vagabonds au cours des quatre dernières années du règne d’Henri VIII (mort en 1547) « . Ces vagabonds, victimes de la nouvelle organisation économique qui se met en place, n’en sont pas moins reconnus personnellement coupables de « paresse » et de » danger pour l’ordre public » ! Dans le même sens, le code pénal napoléonien de 1810 était très répressif. Des criminalistes comme Rossi et Ortolan de la moitié du 19° siècle critiquaient ce code qui « punissait plus qu’il n’était juste » en reposant sur le postulat implicite suivant: « l’existence en chaque délinquant adulte et sain d’esprit d’un degré de liberté, et par suite de responsabilité, égal ou quasi égal « . Au niveau économique, la responsabilité entraine l’une des deux sanctions suivantes : ou bien des bénéfices indiquant que l’activité est économiquement rentable, ou bien des pertes signifiant que cette production est indésirable sur le marché. c) La propriété privée : La Déclaration
des Droits de l’ Homme et du Citoyen du 26 août 1789 stipule en son article
17 que la propriété est un « droit inviolable et sacré ». Le droit de propriété
donne le pouvoir d’« user », de recueillir les » fruits » et d’« abuser
» (vente) des biens acquis. L’ analyse marxiste est en désaccord avec l’analyse libérale en tous points : le but commun, le moteur du système n’est plus l’intérêt individuel et l’élément fondamental n’est plus le marché.
a) L ‘extorsion directe de la plus-value à l’origine de la lutte des classes: Pour Marx, le salaire ne représente qu’une partie de la richesse produite par le prolétaire. L’autre partie est détournée par le capitaliste sous la forme de plus-value de telle sorte qu’une part du produit de son travail n’est pas payée au salarié. Marx appelle cette part de travail « surtravail ». Il en résulte une exploitation des producteurs (le prolétariat) par les non-producteurs (la bourgeoisie). Le degré d’exploitation varie selon les époques car cette extorsion de plus-value est le résultat d’une concurrence entre deux « logiques » antagoniques : « la valeur ajoutée dans la production se partage entre le travail et le capital ; c’est une donnée. Au terme de chaque processus de production (ou de chaque mois, de chaque année ), la part de l’un ne peut donc augmenter que si la part de l’autre diminue « . Selon le rapport de force, la plus-value extorquée directement sera plus ou moins importante mais, dans tous les cas, il y aura nécessairement lutte entre les deux classes : capitalistes et travailleurs. b) L’ extorsion indirecte de plus-value : Ce phénomène d’exploitation
dépasse le cadre étroit de l’entreprise et s’étend indirectement à des
structures économiques formellement indépendantes (c’est-à-dire ayant
la personnalité juridique) mais économiquement dépendantes : petits paysans,
sous traitants, … à l’intérieur d’un pays, ou des pays pauvres dans
leurs relations avec les pays riches. Dans ce cas, la plus-value passe
par des canaux intermédiaires. Par exemple, le paysan indépendant juridiquement,
dont les coûts de production sont élevés (terres peu fertiles, petite
exploitation sans économies d’échelle, etc.) peut être obligé de baisser
le prix de ses produits à cause de la concurrence des grosses exploitations
dominantes ou d’une fixation autoritaire des prix. Son revenu est alors
inférieur à la valeur de la richesse qu’il a produite. L’analyse marxiste englobe le mécanisme du marché dans un ensemble plus vaste ayant pour moteur l’ « accumulation du capital « . Cette accumulation de capital s’effectue au sein de l’entreprise. C’est ainsi qu’à la tête des entreprises se trouvent les capitalistes qui ne sont plus les épargnants, comme dans l’analyse libérale, mais les détenteurs du capital productif. L’objectif de ces capitalistes est alors de transformer la plus-value découlant du processus de production en profit pour payer les dettes afférentes au capital engagé (machines, terrains…) et pour augmenter ce capital (accumulation de capital). Le lieu de « réalisation de ces profits » est le marché. a) La réalisation des profits à l’aide des » marchandises » : Alors que, dans l’économie artisanale urbaine de la fin du Moyen Age (14° et 15° siécles), l’artisan travaille sur commandes, l’entrepreneur capitaliste produit avant de savoir s’il vendra. De même, alors que la production de l’artisan médiéval répond directement au besoin de celui qui commande, l’entreprise capitaliste répond aux besoins du marché. Le marché devient ainsi l’intermédiaire obligé de l’entreprise. Il en résulte diverses conséquences : – l’entrepreneur capitaliste prend le risque de ne pas transformer la plus-value en profit si la production n’est pas vendue – les biens ne sont plus produits pour leur valeur d’usage mais pour leur valeur d’échange. L’entreprise capitaliste produit donc des « marchandises » c’est à-dire des biens en vue de leur échange sur le marché. – la valeur d’échange primant sur la valeur d’usage provoque la transformation de marchandise en monnaie. b) La recherche de profits : Faire des profits suppose, pour l’entreprise capitaliste, de trouver des marchés qui transformeront les plus-values en profit commercial, intérêts financiers, etc. – Toute chose ou toute activité humaine peut devenir une marchandise, c’est-à-dire être produite en vue d’un profit réalisé sur un marché. Par exemple tous les services ménagers (vaisselle, lessive, cuisine) deviennent de plus en plus marchands dans les pays riches, (achats de lave-linge et de lave-vaisselle avec les produits correspondants, achats de surgelés et de plats préparés, etc). L’autoconsommation diminue ainsi au profit des marchés agro-alimentaires et électroménagers. – Tout territoire et toute population représentent, pour le capitalisme un marché potentiel. C’est pourquoi, depuis l’essor du capitalisme, les mécanismes du marché se sont progressivement étendus à l’ensemble de la planète au détriment des autres forme de transmission des biens. « Alors que les modes de circulation antérieurs subordonnaient les biens et leur transfert à la confrontation préalable des individus et de leur statut social dans l’échange (marchand) les individus se retirent derrière leurs produits et n’apparaissent plus que comme vendeurs ou acheteurs, propriétaires de marchandises, mais étrangers les uns aux autres, c’est-à-dire dépourvus de liens de parenté ou d’alliance, de subordination ou de préséance, incompatibles avec une telle opération » . c) La course au profit conduit à l’impérialisme : Le profit est la conséquence de l’extorsion de la plus-value (cf. ci-dessus). Or cette extorsion entraine de nombreuses contradictions résolues par l’impérialisme, c’est-à-dire par l’exploitation de pays tiers. Une première contradiction existe entre la volonté des capitalistes de réduire les salaires et celle de vendre la production. Une seconde contradiction provient du fait que seul le travail est source de plus-value alors que les entreprises capitalistes, à cause de la concurrence accroissent leur capital technique au détriment de la main-d’oeuvre. Il en résulte du chômage mais aussi une « baisse tendancielle du taux de profit ». L’impérialisme permet de résoudre ces deux contradictions. Si les capitalistes veulent maintenir les profits à un niveau élevé au détriment du marché intérieur (politique de bas salaires), les débouchés extérieurs sont nécessaires pour éviter des crises de surproduction. Si, en revanche, le taux d’exploitation diminue à cause du niveau des salaires intérieurs ou d’un fort coefficient de capital, les entreprises captalistes recherchent, dans les pays tiers, le moyen de reconstituer leurs profits : – soit, par la production directe dans ces pays – soit, par l’achat,
aux pays du tiers monde, de produits agricoles ou de matières premières
à bas prix permettant d’extorquer de la plus-value indirectement.
La critique marxiste de l’individualisme libéral repose sur la distinction entre « droits formels » et « droits réels ». Le système juridique en vigueur dans les pays capitalistes donne la liberté » sur le papier » alors que les rapports de production contraignent le prolétariat à se vendre. L’égalité proclamée, occulte le rapport d’exploitation conduisant à la lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie. a) Le prolétariat : Le prolétariat est dépourvu de moyens de production et contraint d’offrir sa force de travail. « Précisément l’offre de cette marchandise particulièrement sur un marché ne peut se réaliser que dans des conditions historiques particulières, il faut au moins deux conditions : que les propriétaires de cette force de travail ne soient pas propriétaires des moyens de production, notamment de capital, et qu’ils ne puissent pas le devenir. Il faut donc qu’ils soient absolument arrachés aux conditions de production anciennes et qu’ils soient en même temps séparés des moyens de production capitalistes. (…) » b) La bourgeoisie La bourgeoisie
est formée des capitalistes détenteurs des moyens de production c’est-
à-dire du capital dont ils sont propriétaires. En d’autres termes, le
droit de propriété justifie leur pouvoir d’extorquer la plus-value ou
surtravail au prolétariat. Cette analyse marxiste conduit, donc, ses défenseurs,
non pas à chercher à réformer le système capitaliste comme le proposent
certains libéraux mais à le renverser. *****************
PLAN DE TRAVAIL Pour aller plus loin, essayez de répondre aux questions ci-dessous, par écrit si vous préparez la dissertation … QUESTIONS: 2/ Montrez à partir d’exemples pris dans l ‘Histoire et dans le monde contemporain, que « pays capitaliste » ne veut pas dire » pays démocratique » . 3/ Expliquez pourquoi, dans l’idéologie libérale, la recherche de l’intérêt personnel de chacun conduit forcément à la satisfaction de l’intérêt général. Qu’en pensez-vous ? 4/ Qu’appelle-t-on spécialisation et division du travail ? Quels sont leurs avantages et leurs limites ? Quelles sont les tendances actuelles sur ce plan là, dans les grands pays capitalistes ? 5 /Faites une analyse critique de l’analyse libérale en montrant que la réalité du capitalisme aujourd’hui contredit certains de ses principes : – Montrez que la recherche de l’intérêt personnel ne conduit pas forcément au bien collectif. – Montrez que le consommateur n’est pas forcément « libre d’acheter ». – Montrez que l’individu n’est pas forcément responsable de ses actes. 6/ Pourquoi les marxistes estiment-ils que le système capitaliste est condamnable et condamné par l’histoire. 7 Faites une analyse critique de l’analyse marxiste en montrant par exemple que : – La réalité des entreprises aujourd’hui permet parfois mal de distinguer « capitalistes » et « prolétaires ». – L’histoire du capitalisme au 20 ème siècle a révélé qu’il était capable de surmonter partiellement ses contradictions . Retour sommaire *************************** |