F.Von Wieser

La théorie de l’imputation

Selon la théorie de l’imputation, les biens d’ordre supérieur n’ont pas leur propre demande, mais une demande imputée. Ces biens sont utiles pour produire certains biens de consommation, donc la demande de biens de premier ordre. C’est ce qui détermine la demande de biens d’ordre supérieur et, par conséquent, sa valorisation est imputée. Friedrich Wieser affirme que les coûts ne déterminent pas les prix, mais au contraire, ce sont les prix qui déterminent les coûts. Par exemple, le prix du pétrole ne découle pas d’une demande et d’une offre spécifiques de pétrole, mais répond plutôt au besoin d’utiliser le pétrole pour produire des biens finaux (de consommation) tels que l’essence, le diesel, les lubrifiants, etc., le plastique et une foule de marchandises qui nécessitent du pétrole comme matière première. Pour cette raison, le prix du pétrole dépend de ces multiples besoins. Si ces besoins disparaissent soudainement, alors la demande de pétrole disparaîtra et son prix chutera, et pourrait éventuellement disparaître. Par conséquent, les biens d’ordre supérieur (qui sont les facteurs de production) nécessitent l’existence de biens de consommation pour leur évaluation.

Dans la mesure où les biens de consommation sont nécessaires, les facteurs de production sont des éléments nécessaires de cette production. Leur valeur est étroitement liée à la demande du bien de consommation final. Selon cette façon de voir la réalité économique, ce ne sont pas les coûts qui déterminent le niveau des prix, mais plutôt ce sont les prix des biens finaux qui déterminent l’intensité avec laquelle les facteurs de production sont utilisés sur ce marché, et donc déterminent les coûts de production. Par conséquent, la théorie de l’imputation explique que les contrôles des prix par l’État sont inutiles, car les prix n’obéissent pas à la structure des coûts des entreprises.

La théorie du leadership entrepreneurial chez Friedrich Wieser

Bien que le comportement individuel pousse l’économie d’aller de l’avant, pour Friedrich Wieser, une personne moyenne (comme tout le monde) n’est pas susceptible d’amorcer un changement. Le comportement d’un être humain est le résultat d’une délibération et d’une intention conscientes. Or, l’homme est « une créature de son époque et de son environnement », il subit l’influence de sa nation, de sa classe sociale ou de son métier. Par conséquent, précise Friedrich Wieser, les pouvoirs, les impulsions et l’égoïsme personnels sont dominés par les pouvoirs sociaux. La motivation intrinsèque d’un être humain à se comporter comme leader va dépendre de son environnement et de sa culture. Le leader se met en marche par une exigence qui lui est soumise par une insatisfaction de son niveau de vie comparativement à celle des autres. « Fondamentalement, tout homme a besoin à ce que le niveau de vie de son cercle l’oblige à exiger » . Ainsi, compte tenu de la nature humaine, les leaders sont inévitables et nécessaires pour que les changements se produisent. L’entrepreneur est un tel leader.

Friedrich Wieser ajoute un élément supplémentaire à sa théorie du leadership entrepreneurial. Il montre que l’évolution des marchés se produit grâce à l’entrée d’autres leaders entrepreneuriaux dans l’intermédiation des échanges. Les marchés intermédiaires émergent quand certains hommes brillants introduisent un tiers dans le commerce. Et ils le font car ils considèrent que ça leur est profitable. Alors, dans une économie ouverte, où les leaders entrepreneuriaux sont libres d’agir, de plus en plus de personnes utilisent ce processus, ce qui fonde et consolide le réseau du marché pour en faire une institution.

Ainsi, l’institution du marché ne provient pas d’une délibération consciente mais des conséquences imprévues des décisions individuelles : « Ni au début ni plus tard, les leaders n’ont pensé à une institution sociale. Leurs souhaits se limitaient à des objectifs beaucoup plus petits et plus proches. L’énorme influence de la pratique de masse qui a grandi s’est étendue pour donner un résultat final qui va bien au-delà de leurs attentes ». C’est dans ce sens où le leadership entrepreneurial mène à un leadership institutionnel. Mais, l’entrepreneur wieserien n’est pas un entrepreneur institutionnel comme le conviennent certains auteurs de la théorie des organisations, dans le sens où il ne vise pas à créer ou à modifier une institution. Cependant, son action, suivie par des milliers d’autres leaders entrepreneuriaux, crée ou modifie des institutions. L’économie est ainsi coordonnée par les institutions sociales, telles que le marché, qui évolue au fur et à mesure que les comportements individuels se répètent au fil du temps et qu’ils se traduisent par des schèmes de comportements anticipés ou attendus.

Importance de l’analyse des interactions sociales dans l’économie nationale

L’économie nationale ne peut être comprise uniquement par le biais d’analyses économiques traditionnelles axées sur les facteurs individuels et les mécanismes de marché. Friedrich Wieser a souligné l’importance des interactions sociales pour comprendre le fonctionnement global de l’économie d’un pays. Les interactions sociales, telles qu’il les désigne, comprennent les échanges économiques, les relations commerciales et les normes sociales. Elles jouent un rôle crucial dans la dynamique économique d’une nation. Comprendre ces interactions permet de saisir les mécanismes sous-jacents qui influencent les décisions économiques individuelles et collectives.

L’analyse des interactions sociales dans l’économie nationale offre également des perspectives plus larges sur les aspects culturels, politiques et institutionnels qui façonnent les comportements économiques. Cela permet de prendre en compte des facteurs sociaux et humains souvent négligés dans les modèles économiques traditionnels.

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