A.Marshall

D’origine modeste, il gravit les échelons universitaires jusqu’à devenir Professeur à l’Université de Cambridge. Il a apporté des contributions décisives à la théorie de la firme et une théorie synthétique de l’équilibre partiel.

Il développe encore la dimension temporelle de l’analyse néo- classique, branche qui deviendra dominante par rapport à l’analyse axiomatique des choix. Son principal ouvrage est « Principles of economics, an introductory volume » (1890), qui connaîtra huit rééditions du vivant de l’auteur.

 » The great master who was also a masterful man – to some pontifical – made almost the whole of the rising generations of English economists, his pupils and followers ». ( Schumpeter, HEA, p. 833).

Il est particulièrement utile de lire la préface à la première édition (absente des traductions françaises), qui traite du principe de continuité et de l’appendice C où il rend hommage à la sociologie de l’époque ( Auguste Comte et surtout Herbert Spencer).

L’ oeuvre de Marshall est ainsi déterminée par une conception de la société, largement influencée par l’organicisme social, d’où son influence sur l’anthropologie ( Herkovits) et son rejet partiel par des auteurs tels que Samuelson.

Conception générale de la société et de l’économie.

Une citation est apposée sur la couverture des Principles: « Natura non facit saltum » que l’on trouve déjà chez Petty et antérieurement chez Bacon. Ce naturalisme social est caractéristique de son projet.

La société Marshallienne est comprise comme un organisme social où l’adaptation ( fitness) à la compétition ( struggle for life) est le principal problème. Cette organisation industrielle sociobiologique donne lieu à plusieurs chapitres du Livre IV ( VIII à XII) des Principes.

 » The Mecca of the economics lies in economic biology rather than in economic dynamics  » ( préface à la 8° édition).

Marshall peut -il éviter de réduire la société humaine à une collection d’ individus de l’espèce humaine ?

La même question doit être posée pour les auteurs de l’époque, Marx ou Marshall tant la lecture de l’Origine des Espèces de Charles Darwin peut être effectuée sur plusieurs registres. Apparemment, Darwin qui traite surtout des animaux et des espèces domestiques n’évite pas ce piège:

« Dans un pays bien peuplé, la sélection naturelle agissant principalement par la concurrence des habitants ne peut déterminer leur degré de perfection que relativement aux types du pays.

Aussi, les habitants d’une région plus petite disparaissent généralement devant ceux d’une région plus grande. Dans cette dernière, en effet, il y a plus d’individus ayant des formes diverses, la concurrence est plus active et, par conséquent, le type de perfection est plus élevé. La sélection naturelle ne produit pas nécessairement la perfection absolue, état que, autant que nous en pouvons juger, on ne peut s’attendre à trouver nulle part.  » ( Darwin, « L’origine des espèces », Chapitre 6, résumé)

Le principe de continuité

Une certaine morale semble accompagner les propos de Marshall qui fut radical au début avant de se convertir au libéralisme à la suite d’un voyage aux US : « L’économiste, comme tout autre doit se préocupper des fins dernières de l’homme ».

 » Ethical forces are among those of which the economist has to to take account » ( préface à la 1° édition).

Les tentatives pour isoler un « homme économique » sans influence éthique ont été infructueuses.

En effet, comment tracer une différence entre les actions morales et toutes les actions à motivation altruistique. Il faut donc trouver entre les actions une certaine continuité, laquelle aura une dimension temporelle.

On peut donc passer d’une action à une autre dans le temps (  » itself absolutely continuous »). Cette continuité pourrait être interprétée dans les termes de la sociobiologie de Spencer et trouve son fondement dans les Principes de la théorie mathématique de la Richesse de Cournot :  » I was led attach great importance to the fact that our observations of nature, in the moral as in the physical world relate not so much to aggregate quantities , as to the increments of quantities… is a continuous function ».

Le calcul en termes d’utilité marginale ( expression reprise de Von Thünen, 1826, l’Etat isolé) est préféré au degré final d’ utilité.

– Au delà du principe de continuité ( cf. l’axiome IV dans Malinvaud, comme possiblité de paser du calcul axiomatique des choix au calcul différentiele) , la réflexion Marhallienne sur le temps est surtout connue comme réflexion sur la période.

Temps analytique/ temps historique .

-La différence première a trait à la différence entre temps analytique et temps historique.

-Le temps analytique est conçu, à la manière d’ Alfred Marshall (1890) en fonction de l’analyse de l’équilibre. Ainsi les périodes n’ont pas de valeur réelle et sont conçues pour l’ analyse d’équilibres fictifs .

Ainsi, Marshall distingue:

-La période ultra- courte dite période du marché : le montant de l’offre est fixe.

– La « courte période », les quantités de production peuvent varier, mais la capacité de production est fixe.

– La « longue période », la capacité de production peut varier, mais le montant des ressources disponibles pour la branche est fixe, ainsi que l’état des techiques.

– La très longue période: les techniques varient avec elles la capacité de production.

Ces périodes n’ont pas de signification concrète. Il en est ainsi des « fictions » chronologiques utiisées par les théoriciens: jour (Robertson), semaine ( Hicks), année ( Sraffa).

L’exemple le plus connu est la « semaine » de John Hicks permettant l’équilibre temporaire: le premier jour (Lundi) se forment les prix capables d’égaliser la demande et l’offre de marchandises à délivrer dans la semaine.

Il ne sera pas ainsi paradoxal que la courte période ( par variation attendue des rendements), soit plus longue que la « longue » période ( mise en oeuvre des investissements).



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