L’Europe

Le fait de se pencher sur l’Europe implique immédiatement un regard sur le passé :

«L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait» (Robert SCHUMAN – 9 mai 1950).

Des premiers rêves aux premiers pas (1946-1957)

1946 : Winston Churchill, comme Victor Hugo un siècle plus tôt, appelle de ses voeux des «Etats-Unis d’Europe».
1948 : le Congrès de La Haye réunit tous les mouvements européens.
9 mai 1950 : le Ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, à l’initiative de Jean Monnet, propose une Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Le Traité CECA ouvre la voie à la construction européenne et scelle ainsi la réconciliation entre la France et l’Allemagne.
25 mars 1957 : signature du Traité de Rome instituant entre six pays (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) la Communauté Economique Européenne (CEE ou Marché Commun).

De l’Europe des six à l’Europe des neuf (1958-1972)

1er janvier 1959 : première baisse des droits de douane entre les six pays.
1960 : Création du Fonds Social Européen.
1962 : mise en place de la Politique Agricole Commune.
1966 : «compromis de Luxembourg,» permettant à un Etat de s’opposer à une décision si ses «intérêts fondamentaux» sont en jeu.
1973 : l’Irlande, le Royaume-Uni et le Danemark rejoignent la CEE.

L’Europe à la recherche d’un second souffle (1973-1984)

1974 : les chefs d’État et de Gouvernement des pays membres décident de faire élire les députés européens au suffrage universel direct et de se réunir régulièrement en Conseil européen, pour traiter des affaires communautaires et de la coopération politique.
1975 : Convention de Lomé signée entre la Communauté européenne et quarante six pays en voie de développement.
1975 : création du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).
13 mars 1979 : création du Système Monétaire Européen (SME) et de l’ECU.
7-10 juin 1979 : 1ère élection du Parlement européen au suffrage universel direct.
1980-1984 : crise à propos de la contribution du Royaume-Uni au budget européen.
1er janvier 1981 : adhésion de la Grèce.
1985 : publication du Livre Blanc sur «l’achèvement du Marché intérieur».
14 juin 1985 : signature des Accords de Schengen sur la libre circulation des personnes entre la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Un dynamisme qui conduit à l’Union européenne (1986-1999)

1er janvier 1986 : adhésion de l’Espagne et du Portugal.
1er juillet 1987 : entrée en vigueur de l’Acte unique européen modifiant le Traité de Rome et prévoyant la réalisation du Marché intérieur pour le 1er janvier 1993.
9 décembre 1989 : adoption à onze (sans le Royaume-Uni) d’une Charte sociale européenne et déclaration approuvant la réunification de l’Allemagne.
15 décembre 1990 : ouverture des conférences intergouvernementales préparant l’Union Economique et Monétaire (UEM) et l’Union Politique.
21 octobre 1991: accord sur la création de l’Espace Economique Européen (EEE) regroupant en un marché de 380 millions d’habitants, les douze pays de la Communauté européenne et les sept pays (Autriche, Finlande, Islande, Lichtenstein, Norvège, Suède, Suisse) de l’Association Européenne de Libre Echange (AELE).
7 février 1992 : signature, à Maastricht, par les douze Ministres des Affaires étrangères, du Traité, instituant l’Union européenne.
20 septembre 1992 : les Français se prononcent par référendum à 51,04 % des voix pour la ratification du Traité de l’Union européenne, dit Traité de Maastricht.
Novembre 1993 : entrée en vigueur du Traité de Maastricht après ratification par les douze Etats membres.
Mars 1994 : les Douze acceptent l’adhésion de l’Autriche, de la Finlande, de la Norvège et de la Suède, sous réserve d’avis conforme du Parlement européen et de ratification par les seize pays. Depuis 1987, plusieurs autres pays ont déposé une candidature officielle d’adhésion: la Turquie, Chypre, Malte, la Suisse, puis en avril 1994 la Hongrie et la Pologne.
15 avril 1994 : signature à Marrakech des accords sur le commerce international (GATT)
1er janvier 1995 : la France prend pour six mois la Présidence du Conseil
européen et du Conseil des Ministres de l’Union européenne.
1995 : élargissement de l’Union européenne à quatre nouveaux pays: Autriche,
Finlande, Norvège et Suède.
l996 : Conférence intergouvernementale sur la réforme des institutions
européennes.
1er janvier 1997 : entrée en vigueur de l’Union monétaire.
1/1/1999 : date de mise en circulation de l’ECU, monnaie unique
utilisée par tous les citoyens de l’Union.
    – 01/01/2002 : Introduction des pièces et des billets en Euro.     – 30/06/2002 : Fin de la circulation des monnaies nationales.     – 2003 : Les pièces en Francs ne peuvent plus être échangées.     – 2012 : Les billets non plus.     Entre le scénario du « big-bang » et celui de la transition douce, personne ne savait vraiment comment se déroulerait cette mutation de plusieurs monnaies en une seule… On sait désormais que le passage s’est effectué en douceur, et le coût élevé de la construction européenne sur les trente dernières années va pouvoir trouver sa justification. En effet, on peut attendre de l’union économique et monétaire plusieurs bénéfices :     – La monnaie unique permet de réduire les coûts de transactions et d’atteindre un niveau d’efficience supérieur.     – Les acteurs de l’économie devaient, avant l’Euro, se prémunir contre le risque de change. La disparition du risque lié aux variations de change explique la réduction de l’incertitude et la plus grande mobilité des capitaux.     – Le système européen de banques centrales (SEBC) a pour mission de veiller à ce que l’inflation n’apparaisse pas, ceci en menant une politique monétaire commune.     – L’Union européenne devient un véritable concurrent des Etats-Unis et de l’Asie, avec une monnaie qui, de surcroît, limite la puissance monétaire de l’Allemagne.     – La signature du pacte de stabilité devrait impliquer une meilleure coordination des politiques économiques. Mais la monnaie unique soulève également de nombreuses interrogations :

    – Les politiques d’austérité que les pays européens ont suivis ont eu un coût économique et surtout social important. La convergence imposée à Maastricht n’était-elle pas trop brutale, dans une période caractérisée par une croissance « molle » ?     – Les perspectives d’élargissement de la zone Euro pose la question de l’intégration des pays candidats à l’adhésion . Un « système monétaire européen-BIS » est ainsi envisagé, permettant aux membres de l’union européenne de se prémunir contre le risque de dévaluation compétitive, et de soumettre les candidats au strict respect des critères de convergence.
Ainsi, peut apparaître une « Europe à deux vitesses ».
    – Chacun des pays ayant adopté la monnaie unique perd l’usage de la politique monétaire : les Etats conservent le potentiel d’action que représente la politique budgétaire, mais celui-ci est limité par l’intervention du SEBC qui risque d’harmoniser cette politique entre tous les pays membres.     – Enfin, l’Euro est en partie basé sur les travaux de R.A.MUNDELL, prix Nobel d’économie 1999. On peut se demander si, avec le faible volant d’intervention dont disposent les Etats, ceux-ci pourront faire face aux chocs asymétriques qu’ils pourront subir. En d’autres termes, l’Europe est-elle réellement une « Zone Monétaire Optimale » ?





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