Economie2000 |
L’expression « Marché du travail », en économie,
est issue de l’analyse néo-classique, qui suppose que l’ensemble des
offres et des demandes d’emplois sont confrontées et s’ajustent par
l’intermédiaire d’un prix, représenté ici par le salaire.
Ce marché fonctionnerait comme les autres marchés,
avec ici un salaire d’équilibre qui permet d’égaliser les offres
et les demandes.
Lorsque le niveau des salaires est trop
haut, survient un désajustement entre offreurs et demandeurs. Cette école
de pensée avance que de nombreuses rigidités ne permettent pas
aux entrepreneurs d’ajuster les salaires : syndicats, conventions collectives.
Les analyses libérales plus récentes évoquent la dualité
du marché du travail ou encore les salaires d’efficience. (Voir les auteurs,
Azariadis.
Dans ce cadre de pensée, il
peut donc exister un sous-emploi, mais qui ne dure pas, car le marché
a la capacité de s’autoréguler. Le chômage résiduel
est analysé par les néo-classiques comme « volontaire », c’est-à-dire
que le niveau de rémunération est jugé trop faible
par les demandeurs d’emploi.(chômage classique)
Mais les Keynésiens
contestent l’existence d’un marché du travail.
D’une part, la demande de travail
n’est pas fixée, à court terme, en fonction des salaires,
mais du niveau de production qui dépend de la demande globale.
D’autre part, les travailleurs ne
connaissent que le salaire nominal, mais pas le salaire réel, qui
inclut l’évolution du niveau des prix. Le salaire réel ne
peut donc ne peut donc orienter le niveau de l’emploi, puisqu’il n’est
pas connu à l’avance. Le chômage est « involontaire », car il
peut exister dans les économies de marché des équilibres
de sous-emploi durables.(chômage Keynésien).
Lesmarxistes avancent
que le capitalisme traite le travail comme une marchandise, et entretiennent
une « armée de réserve » de travailleurs leur permettant de maintenir
les salaires proches du niveau de subsistance. Il ne saurait y avoir de plein-emploi
durable et, de plus, le système souffre d’une instabilité dynamique
qui se traduit par des crises économiques.
Le chômage serait donc une tendance
profonde du capitalisme.
Depuis quelques années cependant, la situation de l’emploi présente des signes d’amélioration très nets : Après avoir atteint 12,5 % en 1996, le taux de chômage est passé « sous la barre » des 10% en France au premier trimestre 2000. Les 400.000 emplois créés en 1998 s’expliquent partiellement par une reprise de la croissance économique, variant entre 2 et 3 % par an depuis cette date, mais également par des mesures institutionnelles.
La loi « ROBIEN » du 11 juin 1996 incitait déjà fortement les entreprises à réduire la durée du travail (elle a concerné 280.000 salariés en deux ans, et crée ou préservé 20.000 emplois environ).
Soixante ans après la semaine de quarante
heures, la France abaisse la durée légale hebdomadaire du travail
par la loi AUBRY du 13 juin 1998. Cette loi ramène la durée légale
hebdomadaire du travail de 39 à 35 heures au 1er janvier 2000 pour les
entreprises de plus de vingt salariés, et au 1er janvier 2002 pour
les autres.
L’objectif est prioritairement la création
d’emplois, et on peut déjà dresser un premier bilan de cette action.
A la fin avril 1999, soit dix mois après la loi, 4000 accords d’entreprises
avaient été conclus, concernant 1.150.000 salariés. Un
tiers de ceux-ci est concerné par des accords aidés (9000 F par
salarié mi-99, puis 7000 F puis 5000 F au 1/1/2000).
En avril 99, le bilan était de 56767
emplois dont 42834 créés et 13933 maintenus.
L’augmentation de la masse salariale due aux
embauches serait en moyenne de 7.5%, ce surcoût étant financé
par une modération salariale, par des économies de gestion et
par des allègements de cotisations sociales .
On peut remarquer que la durée du travail
ne baisse pas rapidement, mais que les difficultés de recrutement ont
augmenté, et certains pensent qu’il faut être extrêmement
prudent sur la capacité de l’économie française à
diminuer la durée du travail sans risquer des pertes de production.
Enfin, il faudrait tenir compte des emplois
non créés dans l’économie du fait des prélèvements
nécessaires au financement des aides (8 milliards F en 1999).
Fin 2000, le bilan global des effets de la
loi AUBRY sur l’emploi reste largement positif.