La crise

Economie2000

La crise économique correspond à une contraction de la production qui accompagne un déséquilibre d’un ou de plusieurs indicateurs économiques.
    Selon que l’on adhère plutôt au sens  latin  ( Crisis : phase décisive de la maladie) ou bien au sens grec (Krisis: décision, jugement), la perception du terme varie, et peut être interprétée comme :
    – Un bref retournement de conjoncture, survenant à la suite d’une phase d’expansion, et précédant une récession, celle-ci pouvant se prolonger par une dépression.
    – Une crise comme celle de 1929, qui est en fait une longue dépression.

  Les caractéristiques de l’évolution macro-économique depuis 1970 :

La situation économique récente des pays de l’OCDE a été marquée par trois récessions : 1974/75, 1980-82 et début des années 1990. Durant vingt cinq années de crise, de 1973 à 1998, on observe une configuration inédite, la corrélation inflation-chômage devient positive, alors que ces deux indicateurs fonctionnaient en sens inverse jusque là (Relation de Phillips.

Aux deux poussées inflationnistes du milieu et de la fin des années 70, succède une période de désinflation. La fin des années 1990 va apporter une corrélation négative, avec une baisse du taux d’inflation (désinflation compétitive), et une baisse du taux de chômage (traitement institutionnel et social accompagné d’une reprise de la croissance).

    Pour les Néo-classiques, il ne peut y avoir de crise, et ceci pour plusieurs raisons :

        – D’une part, la parfaite substituabilité des facteurs capital et travail (Modèle de Cobb- Douglas assure qu’il ne peut y avoir de crise de surproduction.

        – D’autre part, la diversité des performances des pays en matière de croissance ne peut rendre  l’économie de marché responsable des crises.

Les monétaristes et Milton Friedman insistent sur la responsabilité des pouvoirs publics dans la conduite de la politique économique. La lutte contre le chômage par une politique de dépenses publiques développerait une situation inflationniste. Milton Friedman, en 1974, expliquait ainsi le début d’un crise économique des années 1970 qui durera trente ans : "Les gouvernements ont pratiqué une politique inflationniste pour trois raisons. L’une est vieille de plusieurs milliers d’années et explique presque tous les cas d’inflation : l’inflation est la seule forme d’imposition à laquelle on puisse recourir sans autorisation législative. C’est aussi une forme d’imposition particulièrement séduisante, car dans un premier temps, ses effets initiaux favorisent l’expansion.

La seconde raison est héritée de Keynes : les gouvernements se fixent le plein emploi comme objectif. Comme le public craint davantage le chômage que l’inflation, les autorités choisissent d’émettre de la monnaie, ce qui dans un premier temps, améliore la situation du marché de l’emploi. Ensuite, les agents se sont inquiétés de l’inflation, le gouvernement renverse la vapeur et dépense plus d’argent, ce qui aggrave l’inflation …

En dernier lieu, les banques centrales ont confondu monnaie et crédit, et ont estimé qu’elles devaient maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé, plutôt que d’empêcher une croissance trop rapide de la masse monétaire."

Les théoriciens de l’offre soutiennent qu’il n’y a pas de crise de marché, mais qu’il existe une crise de l’Etat. Celui-ci ne peut assumer les trois fonctions que lui assignait R.Musgrave, à savoir l’allocation des ressources, la stabilisation de la conjoncture et la répartition des revenus.

Au contraire, l’intervention se révèle être coûteuse, inefficace et entraîne des effets pervers. Ainsi, la multiplication des réglementation et des programmes étatiques de lutte contre le chômage et l’exclusion produirait-elle l’effet inverse (trappe à pauvreté). De même, toute politique économique est anticipée par les individus et vouée à l’échec. Les néo-libéraux ne contestent pas certaines défaillances de marché (externalités), mais soutiennent que le calcul coût-avantage des défaillances du marché par rapport à celles de l’Etat laisse apparaître des coûts croissants pour ce dernier.

Pour les néo-keynésiens, comme Davidson ou Minsky, la pensée de Keynes a été trahie par ses héritiers spirituels, sur trois points :

  • L’inflation : les keynésiens de "l’establishment" n’ont aucune théorie appropriée sur l’inflation, ce qui les conduit en fait à soutenir que l’inflation n’a pas d’importance ou que, si elle en a, elle est beaucoup moins nocive que le chômage. D’où une politique économique du type "douche écossaise" : l’économie est périodiquement dopée, pour quelques temps, après être sevrée lorsque l’inflation devient endémique.
  • Les institutions financières : les responsables ont ignoré le rôle essentiel que jouent les institutions, et particulièrement les banques, dans le bon fonctionnement de l’économie.
  • La synthèse néo-classique : la plupart des économistes n’ont en réalité pas saisi le message de Keynes. Celui-ci met l’accent sur les problèmes particuliers qui sont le lot de toute économie utilisant la monnaie comme moyen d’échange. Les économistes ont baptisé "synthèse néo-classique" un mariage forcé entre la théorie classique et la théorie keynésienne, et ce système postule que l’économie a une tendance naturelle à aller vers le plein emploi des ressources, ce qui est le contraire de la pensée keynésienne.

Les théoriciens du cycle :

        On voit apparaître, dans les années cinquante, une lecture cyclique de la crise.
        Burns et Mitchell, en 1946, proposent cette définition :  » Le cycle décrit une catégorie de fluctuations de l’activité économique au niveau agrégé … Un cycle consiste en une phase d’expansion simultanée de nombreux secteurs d’activité, suivie d’une phase de contraction similaire puis d’une reprise qui débouche sur la phase d’expansion du cycle suivant. Cette séquence est récurrente mais non périodique; les cycles d’activité ont une durée variant entre un et dix ou douze ans; ils ne sont pas divisibles en cycles plus courts de caractéristiques semblables et d’amplitude équivalente ». .

La crise inéluctable de Marx et la grande crise régulationniste :

a/ Dans la problématique marxiste, seul le "travail vivant", c’est-à-dire offert par la force de travail, est source de création de valeur. Dans ces conditions, le capitaliste, amené par la concurrence à utiliser de plus en plus de machines, qui ne renferment que du "travail mort", contribuera à déclencher la crise. La hausse de la productivité induite engendre également du licenciement. Il en résulte :

  • Une diminution de la demande de biens de consommation, puisqu’il y a de plus en plus de chômeurs.
  • Un déséquilibre entre la section produisant des biens de consommation et celle produisant des biens de production.
  • Une baisse de la rentabilité du capital, puisque les prolétaires, soit au niveau de la répartition (partage salaires/profits), soit au niveau de la production (lutte contre les cadences), lutteront contre les capitalistes.
  • Une tendance inéluctable à la baisse du taux de rentabilité du capital, puisque le capitaliste aura recours de plus en plus souvent au capital constant (travail mort).

b/ La grande crise :la lecture régulationniste.

L’approche régulationniste a pour point de départ l’analyse des divers régimes d’accumulation au sein du mode de production capitaliste. Le régime d’accumulation se définit comme "l’ensemble des régularités qui assurent une progression générale et relativement cohérente de l’accumulation du capital, c’est-à-dire permettant de résorber ou d’étaler dans le temps les distorsions et déséquilibres qui naissent en permanence du processus lui-même" (Boyer 1986).

Son fonctionnement se fait dans le cadre de formes institutionnelles entendues au sens de "toute codification d’un ou plusieurs rapports sociaux fondamentaux" .

Historiquement, le passage d’un régime d’accumulation à un autre ou bien d’un mode de régulation à un autre constitue une crise au sens où il y a rupture. Si aucun changement institutionnel ou de politique économique n’est nécessaire pour déclencher le retournement ou la reprise, on parle de "petite crise" (Boyer/Saillard, 1995). L’absence de reprise spontanée signifie que le mode de régulation ou le régime d’accumulation ont été affectés, on se heurte à une "grande crise".

    Il n’y a donc pas un seul type de crise, mais de nombreux. Plus fondamentalement, toute crise économique apparaît aussi comme une crise de l’analyse économique, une crise des "paradigmes", pour reprendre l’expression de Kuhn.

Le rôle de l’économiste est d’identifier  les  symptômes  communs aux crises afin de mieux les anticiper.

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