La théorie de l’agence constitue aujourd’hui le cadre d’analyse dominant des formes d’organisations économiques, et plus particulièrement de la firme, proposé par les développements néoclassiques récents. La définition la plus classique d’une relation d’agence est donnée par Jensen et Meckling, dans un article de 1976 : « Nous définissons une relation d’agence comme un contrat par lequel une (ou plusieurs) personne (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d’un certain pouvoir de décision à l’agent ». Cette relation recouvre en fait « toute relation entre deux individus telle que la situation de l’un dépende d’une action de l’autre » : l’individu qui agit est l’agent, la partie affectée est le principal. Les problèmes qu’étudie la théorie de l’agence n’apparaissent cependant que dans la mesure où les intérêts des deux parties peuvent diverger, et surtout où il y a information imparfaite et asymétrie d’information entre les parties. Dans les années soixante-dix, un article de George Arthur Akerlof sur les voitures d’occasion analyse la dynamique de sous-information d’une des parties d’un contrat (« The market for lemons: quality uncertainety and the market mechanism »). Le vendeur connaît l’état des voitures, mais l’acheteur non. Il peut ne pas y avoir de transaction, alors que les deux parties y auraient eu intérêt. Ce type d’asymétrie d’information trouve un développement au sein de la théorie de l’agence, dans les rapports entre mandataires et mandants. Le phénomène de l’anti-sélection, reposant sur une asymétrie d’information, se concrétise, dans le domaine des assurances. On arrive à des situations de blocages, ou encore d’anti-sélection (sélection adverse) : en effet, dans le cas assureur-assuré, il se peut que le premier sélectionne l’individu le plus risqué pour signer un contrat, car l’assuré potentiel peut avoir retenu de l’information sur son passé de conducteur. En fait, ce sont les individus les plus « à risque » qui ont tendance à se sur-assurer, ce qui est défavorable à l’assureur, à qui il manque des éléments d’information. Une partie de la théorie des contrats se propose de déterminer les types de contrats qui permettront aux deux parties d’avoir accès à l’information. L’anti-sélection est source d’inefficience, car elle empêche que se nouent des relations mutuellement bénéfiques. Cette « défaillance de marché » est un élément de plus dont disposent les théoriciens néoclassiques pour expliciter les raisons pour lesquelles l’équilibre général et auto-régulateur est parfois rompu. Cette nouvelle approche admet une certaine réhabilitation du rôle de l’Etat, dont l’intervention devient source d’efficience. Le site de l’auteur : http://www.elsa.berkeley.edu/users/akerlof/ G.Akerlof, 1970 : « The market for lemons: quality uncertainety and the market mechanism ». ************ Accueil Economie2000 |
G.Akerlof
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.