La pensée économique de Marx relativise les catégories économiques par des déterminants socio-historiques.
Il s’agit notamment de justifier l’ existence du » capitalisme de la grande industrie » par sa forme d’exploitation spécifique: le salariat associé à la plus- value.
Ainsi les catégories et les lois économiques sont soumises à des principes socio- historiques préalables. De ce point de vue, l’oeuvre de Marx occupe une place exceptionnelle au sein de la pensée historique en économie. Rappelons les principaux concepts et » en gros » la synthèse macroéconomique. L’essentiel étant consacré à l’analyse historique en trois parties: enjeux (I), textes avant 1858 (II) et après 1858 (III), la méthode de relecture étant architecturale ( cf. l’introduction).
Les principaux concepts du Livre I sont:
Le capitalisme est une » immense accumulation de marchandises « .
» La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises » ( Capital,I)
La marchandise dont la valeur d’échange est un quantum de travail social.
Il existe un fétichisme de la marchandise ( l’apparence de la valeur d’usage tend à se substituer à la relation entre les choses). De même la métamorphose de la marchandise en argent, risque de faire perdre le sens de ces rapports matériels.
» Une marchandise paraît au premier coup d’oeil quelque chose de trivial et qui se comprend de soi-même. Notre analyse a montré au contraire que c’est une chose très complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d’arguties théologiques.
En tant que valeur d’usage, il n’y a en elle rien de mystérieux, soit qu’elle satisfasse les besoins de l’homme par ses propriétés, soit que ses propriétés soient produites par le travail humain. Il est évident que l’activité de l’homme transforme les matières fournies par la nature d’une façon à les rendre utiles.
La forme du bois, par exemple , est changée, si l’on en fait une table. Néanmoins la table reste bois, une chose ordinaire et qui tombe sous les sens. Mais dès qu’elle se présente comme marchandise, c’est une toute autre affaire.
À la fois saisissable et insaisissable, il ne lui suffit pas de poser ses pieds sur le sol ; elle se dresse, pour ainsi dire, sur sa tête de bois en face des autres marchandises et se livre à des caprices plus bizarres que si elle se mettait à danser.
Le caractère mystique de la marchandise ne provient donc pas de sa valeur d’usage. Il ne provient pas davantage des caractères qui déterminent la valeur
D’abord, en effet, si variés que puissent être les travaux utiles ou les activités productives, c’est une vérité physiologique qu’ils sont avant tout des fonctions de l’organisme humain, et que toute fonction pareille, quels que soient son contenu et sa forme, est essentiellement une dépense du cerveau, des nerfs, des muscles, des organes, des sens, etc. de l’homme.
En second lieu, pour ce qui sert à déterminer la quantité de valeur, c’est à dire la durée de cette dépense ou la quantité de travail, on ne saurait nier que cette quantité de travail se distingue visiblement de sa qualité. Dans tous les états sociaux le temps qu’il faut pour produire les moyens de consommation a dû intéresser l’homme, quoique inégalement, suivant les divers degrés de civilisation .
Enfin dès que les hommes travaillent d’une manière quelconque les uns pour les autres, leur travail acquiert aussi une forme sociale.
D’où provient donc le caractère énigmatique du produit du travail, dès qu’il revêt la forme d’une marchandise ? Evidemment de cette forme elle-même.
Le caractère d’égalité des travaux humains acquiert la forme de valeur des produits du travail ;
la mesure des travaux individuels par leur durée acquiert la forme de la grandeur de valeur des produits du travail ;
enfin les rapports des producteurs, dans lesquels s’affirment les caractères sociaux de leurs travaux, acquièrent la forme d’un rapport social des produits du travail.
Voilà pourquoi des produits se convertissent en marchandises, c’est-à-dire en choses qui tombent et ne tombent pas sous le sens, ou choses sociales.
C’est ainsi que l’impression lumineuse d’un objet sur le nerf optique ne se présente pas comme une excitation subjective du nerf lui- même, mais comme la forme sensible de quelque chose qui existe en-dehors de l’oeil.
Il faut ajouter que dans l’acte de la vision la lumière est réellement projetée d’un objet extérieur sur un autre objet, l’oeil ; c’est un rapport physique entre des choses physiques. Mais la forme valeur et le rapport de valeur des produits du travail n’ont absolument rien à faire avec leur nature physique.
C’est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport des choses entre elles.
Pour trouver une analogie à ce phénomène, il faut la chercher dans la région nuageuse du monde religieux. Là les produits du cerveau humain ont l’aspect d’êtres indépendants, doués de corps particuliers, en communication avec les hommes et entre eux. Il en est de même des produits de la main de l’homme dans le monde marchand.
C’est ce que l’on peut nommer le fétichisme attaché aux produits du travail, dès qu’ils se présentent comme des marchandises, fétichisme inséparable de ce mode de production.
En général, des objets d’utilité ne deviennent des marchandises que parce qu’ils sont les produits de travaux privés ; exécutés indépendamment les uns des autres.
L’ensemble de ces travaux privés forme le travail social. Comme les producteurs n’entrent socialement en contact que par l’échange de leurs produits, ce n’est que dans les limites de cet échange que s’affirment les caractères sociaux de leurs travaux privés. Ou bien les travaux privés ne se manifestent en réalité comme divisions du travail social que par les rapports que l’échange établit entre les produits du travail et indirectement entre les producteurs.
Il en résulte que pour ces derniers les rapports de leurs travaux privés apparaissent ce qu’ils sont, c’est-à-dire non des rapports sociaux immédiats des personnes dans leurs travaux même, mais bien plutôt des rapports sociaux entre les choses.
C’est seulement dans leur échange que les produits du travail acquièrent comme valeurs une existence sociale identique et uniforme, distincte de leur existence matérielle et multiforme comme objets d’utilité.
Cette scission du produit du travail en objet utile et en objet de valeur, s’élargit dans la pratique dès que l’échange a acquis assez d’étendue et d’importance pour que des objets utiles soient produits en vue de l’échange, de sorte que le caractère de valeur de ces objets est déjà pris en considération dans leur production même.
À partir de ce moment, les travaux privés des producteurs acquièrent en fait un double caractère social.
D’un côté ils doivent être travail utile, satisfaire des besoins sociaux et s’affirmer ainsi comme parties intégrantes du travail général, d’un système de division sociale du travail qui se forme spontanément ;
de l’autre côté ils ne satisfont les besoins divers des producteurs eux-mêmes, que parce que chaque espèce de travail privé utile est échangeable avec toutes les autres espèces de travail privé utile, c’est-à-dire est réputé leur égal.
L’égalité de travaux qui diffèrent les uns des autres ne peut consister que dans une abstraction de leur inégalité réelle, que dans la réduction à leur caractère commun de dépense de force humaine, de travail humain en général, et c’est l’échange seul qui opère cette réduction en mettant en présence les uns des autres sur un pied d’égalité les produits des travaux les plus divers. »
La force de travail comme marchandise. Ce n’est pas donc l’homme qui est exploité, mais la force de travail. L’exploitation est un rapport matériel.
Le produit du travail est supérieur au » minimum vital « , nécessaire à la reproduction de la force de travail.
La plus value absolue revient à augmenter le produit du travail ; la plus value relative , plus subtile, consiste à dévaloriser le minimum vital, d’où l’importance du mode de production en agriculture.
La composition organique du capital analyse la part des » avances » ( cf. l’emprunt aux classiques) en travail (capital variable, V) et en capital (capital constant, C).
On en déduira des lois structurelles ( augmentation de C/V) et disparition de la race ouvrière sous hypothèse de comportement de maximisation du profit par les capitalistes.
D’où vient le capitalisme ? … de la » séparation » du travailleur de ses moyens de production et de sa dépendance vis à vis du marché au cours du processus » d’accumulation primitive « .
Le capitalisme est donc historiquement une double négation ( de son environnement et de sa propre structure par élimination de la concurrence).
Il s’agit notamment de justifier l’ existence du » capitalisme de la grande industrie » par sa forme d’exploitation spécifique: le salariat associé à la plus- value.
Ainsi les catégories et les lois économiques sont soumises à des principes socio- historiques préalables. De ce point de vue, l’oeuvre de Marx occupe une place exceptionnelle au sein de la pensée historique en économie. Rappelons les principaux concepts et » en gros » la synthèse macroéconomique. L’essentiel étant consacré à l’analyse historique en trois parties: enjeux (I), textes avant 1858 (II) et après 1858 (III), la méthode de relecture étant architecturale ( cf. l’introduction).
Les principaux concepts du Livre I sont:
Le capitalisme est une » immense accumulation de marchandises « .
» La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises » ( Capital,I)
La marchandise dont la valeur d’échange est un quantum de travail social.
Il existe un fétichisme de la marchandise ( l’apparence de la valeur d’usage tend à se substituer à la relation entre les choses). De même la métamorphose de la marchandise en argent, risque de faire perdre le sens de ces rapports matériels.
» Une marchandise paraît au premier coup d’oeil quelque chose de trivial et qui se comprend de soi-même. Notre analyse a montré au contraire que c’est une chose très complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d’arguties théologiques.
En tant que valeur d’usage, il n’y a en elle rien de mystérieux, soit qu’elle satisfasse les besoins de l’homme par ses propriétés, soit que ses propriétés soient produites par le travail humain. Il est évident que l’activité de l’homme transforme les matières fournies par la nature d’une façon à les rendre utiles.
La forme du bois, par exemple , est changée, si l’on en fait une table. Néanmoins la table reste bois, une chose ordinaire et qui tombe sous les sens. Mais dès qu’elle se présente comme marchandise, c’est une toute autre affaire.
À la fois saisissable et insaisissable, il ne lui suffit pas de poser ses pieds sur le sol ; elle se dresse, pour ainsi dire, sur sa tête de bois en face des autres marchandises et se livre à des caprices plus bizarres que si elle se mettait à danser.
Le caractère mystique de la marchandise ne provient donc pas de sa valeur d’usage. Il ne provient pas davantage des caractères qui déterminent la valeur
D’abord, en effet, si variés que puissent être les travaux utiles ou les activités productives, c’est une vérité physiologique qu’ils sont avant tout des fonctions de l’organisme humain, et que toute fonction pareille, quels que soient son contenu et sa forme, est essentiellement une dépense du cerveau, des nerfs, des muscles, des organes, des sens, etc. de l’homme.
En second lieu, pour ce qui sert à déterminer la quantité de valeur, c’est à dire la durée de cette dépense ou la quantité de travail, on ne saurait nier que cette quantité de travail se distingue visiblement de sa qualité. Dans tous les états sociaux le temps qu’il faut pour produire les moyens de consommation a dû intéresser l’homme, quoique inégalement, suivant les divers degrés de civilisation .
Enfin dès que les hommes travaillent d’une manière quelconque les uns pour les autres, leur travail acquiert aussi une forme sociale.
D’où provient donc le caractère énigmatique du produit du travail, dès qu’il revêt la forme d’une marchandise ? Evidemment de cette forme elle-même.
Le caractère d’égalité des travaux humains acquiert la forme de valeur des produits du travail ;
la mesure des travaux individuels par leur durée acquiert la forme de la grandeur de valeur des produits du travail ;
enfin les rapports des producteurs, dans lesquels s’affirment les caractères sociaux de leurs travaux, acquièrent la forme d’un rapport social des produits du travail.
Voilà pourquoi des produits se convertissent en marchandises, c’est-à-dire en choses qui tombent et ne tombent pas sous le sens, ou choses sociales.
C’est ainsi que l’impression lumineuse d’un objet sur le nerf optique ne se présente pas comme une excitation subjective du nerf lui- même, mais comme la forme sensible de quelque chose qui existe en-dehors de l’oeil.
Il faut ajouter que dans l’acte de la vision la lumière est réellement projetée d’un objet extérieur sur un autre objet, l’oeil ; c’est un rapport physique entre des choses physiques. Mais la forme valeur et le rapport de valeur des produits du travail n’ont absolument rien à faire avec leur nature physique.
C’est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport des choses entre elles.
Pour trouver une analogie à ce phénomène, il faut la chercher dans la région nuageuse du monde religieux. Là les produits du cerveau humain ont l’aspect d’êtres indépendants, doués de corps particuliers, en communication avec les hommes et entre eux. Il en est de même des produits de la main de l’homme dans le monde marchand.
C’est ce que l’on peut nommer le fétichisme attaché aux produits du travail, dès qu’ils se présentent comme des marchandises, fétichisme inséparable de ce mode de production.
En général, des objets d’utilité ne deviennent des marchandises que parce qu’ils sont les produits de travaux privés ; exécutés indépendamment les uns des autres.
L’ensemble de ces travaux privés forme le travail social. Comme les producteurs n’entrent socialement en contact que par l’échange de leurs produits, ce n’est que dans les limites de cet échange que s’affirment les caractères sociaux de leurs travaux privés. Ou bien les travaux privés ne se manifestent en réalité comme divisions du travail social que par les rapports que l’échange établit entre les produits du travail et indirectement entre les producteurs.
Il en résulte que pour ces derniers les rapports de leurs travaux privés apparaissent ce qu’ils sont, c’est-à-dire non des rapports sociaux immédiats des personnes dans leurs travaux même, mais bien plutôt des rapports sociaux entre les choses.
C’est seulement dans leur échange que les produits du travail acquièrent comme valeurs une existence sociale identique et uniforme, distincte de leur existence matérielle et multiforme comme objets d’utilité.
Cette scission du produit du travail en objet utile et en objet de valeur, s’élargit dans la pratique dès que l’échange a acquis assez d’étendue et d’importance pour que des objets utiles soient produits en vue de l’échange, de sorte que le caractère de valeur de ces objets est déjà pris en considération dans leur production même.
À partir de ce moment, les travaux privés des producteurs acquièrent en fait un double caractère social.
D’un côté ils doivent être travail utile, satisfaire des besoins sociaux et s’affirmer ainsi comme parties intégrantes du travail général, d’un système de division sociale du travail qui se forme spontanément ;
de l’autre côté ils ne satisfont les besoins divers des producteurs eux-mêmes, que parce que chaque espèce de travail privé utile est échangeable avec toutes les autres espèces de travail privé utile, c’est-à-dire est réputé leur égal.
L’égalité de travaux qui diffèrent les uns des autres ne peut consister que dans une abstraction de leur inégalité réelle, que dans la réduction à leur caractère commun de dépense de force humaine, de travail humain en général, et c’est l’échange seul qui opère cette réduction en mettant en présence les uns des autres sur un pied d’égalité les produits des travaux les plus divers. »
La force de travail comme marchandise. Ce n’est pas donc l’homme qui est exploité, mais la force de travail. L’exploitation est un rapport matériel.
Le produit du travail est supérieur au » minimum vital « , nécessaire à la reproduction de la force de travail.
La plus value absolue revient à augmenter le produit du travail ; la plus value relative , plus subtile, consiste à dévaloriser le minimum vital, d’où l’importance du mode de production en agriculture.
La composition organique du capital analyse la part des » avances » ( cf. l’emprunt aux classiques) en travail (capital variable, V) et en capital (capital constant, C).
On en déduira des lois structurelles ( augmentation de C/V) et disparition de la race ouvrière sous hypothèse de comportement de maximisation du profit par les capitalistes.
D’où vient le capitalisme ? … de la » séparation » du travailleur de ses moyens de production et de sa dépendance vis à vis du marché au cours du processus » d’accumulation primitive « .
Le capitalisme est donc historiquement une double négation ( de son environnement et de sa propre structure par élimination de la concurrence).