Les enjeux de la mondialisation
Le terme « enjeu » désigne ce que l’on
peut gagner ou perdre dans une compétition ou dans un défi.
Alors quels sont les enjeux majeurs de la mondialisation en ce début
du XXIème siècle ?
La mondialisation a une double connotation. Elle fascine car elle
représente un nouvel horizon d’opportunités
en ce troisième millénaire, mais, elle inquiète
aussi, car elle peut-être perçue comme une menace pour
l’ordre économique et social de chaque Nation.
Cependant, au-delà de la peur et des fantasmes, la mondialisation
est avant tout caractérisée comme un phénomène
économique ancien et continu du développement du capitalisme
libéral. Elle est donc un processus et non un état.
Pour certains acteurs de la vie économique et sociale, ce
nouvel essor du capitalisme est le fondement d’une «
horreur économique » (V. FORRESTER) et, pour d’autres,
elle est un phénomène économique irréductible,
car, tout développement économique, selon les thèses
du libre échange, passe par une ouverture totale et exclusive
des forces du marché.
Mais qu’est-ce que la mondialisation de l’économie
?
La mondialisation désigne une interdépendance croissante
des économies entre elles pour former une économie
globale ou une économie monde dans laquelle les frontières
s’effacent progressivement au nom des bienfaits du libre échange.
Ce phénomène s’est accéléré
à partir des années 90 pour conduire à une
intégration non seulement des échanges commerciaux
mais également de la production et des capitaux. Alors quels
sont les principaux mécanismes de ce processus ? Quels en
sont ses rouages ?
La mondialisation repose sur l’engrenage de trois rouages
:
• Le rouage commercial : qui représente la mondialisation
des échanges commerciaux. Il se traduit par l’accroissement
de l’espace commercial des nations.
• Le rouage de la production : qui se caractérise par
la transnationalité des investissements directs à
l’étranger et s’accompagne de l’extension
de l’espace productif liée aux activités croissantes
des multinationales et des délocalisations.
• Le rouage financier : qui correspond à la globalisation
financière, c’est à dire à une internationalisation
des capitaux. Il se caractérise donc par la création
d’un marché financier au niveau planétaire où
toutes les places financières sont reliées entre elles
par internet.
Ces trois rouages interdépendants connectent toutes les
économies entre elles pour en faire une économie globale.
Mais les économies ont-elles intérêt à
devenir globales ?
Quels sont les enjeux majeurs associés à un tel processus
?
La mondialisation suscite de nombreuses craintes, car l’ouverture
des frontières, malgré les bienfaits théoriques
du libre échange évoqués par les théoriciens
libéraux (A.SMITH et D.RICARDO du XVII / XVIIIièmesiècle),
conduit les nations à protéger leurs propres intérêts
ou ceux de leurs acteurs économiques afin de faire face à
une concurrence de plus en plus forte dans la réalité.
Elle contribue aussi à creuser les écarts de richesses
entre les pays industrialisés et les pays en développement.
Les échanges commerciaux mondiaux s’effectuent essentiellement
entre les pays de la triade ( USA, EUROPE, ASIE SUD EST CHINE/JAPON)
et, sont donc dominés en grande majorité par les pays
développés qui peuvent imposer leur loi économique.
Si la participation à l’échange commercial mondial
peut représenter un facteur de développement économique,
elle ne s’est pas accompagnée d’une réduction
des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres,
bien au contraire ! De ce fait l’échange mondial représente
un frein au développement de certains pays.
Alors faut-il laisser se creuser un tel fossé et laisser
le marché maître de la répartition des flux
commerciaux ? Voilà un des enjeux de la mondialisation.
Cette extension de l’espace commercial modifie la structure
de la concurrence et engage les entreprises dans une course effrénée
à la recherche de gains de productivité. Celles-ci
n’hésitent plus à se délocaliser, à
fractionner leur production dans plusieurs pays (exemple NIKE, ADIDAS..
les entreprises du textile, de l’informatique, de la sidérurgie…
et la grande distribution), n’hésitent plus à
licencier leur personnel malgré la hausse de leur profit
(exemple DANONE en 2001…., ARCELORMITTAL en 2008…).
Cet espace productif devient mondial grâce à la mobilité
des facteurs de production, au développement des groupes
multinationaux et grâce à l’essor des nouvelles
technologies d’information et de communication. Cette mondialisation
de la production renforce les échanges de capitaux et rend
nécessaire leur décloisonnement, leur dérèglementation
et leur libre circulation pour financer les investissements internationaux.
Cette libéralisation financière a favorisé
une meilleure allocation des ressources financières dans
le monde. Elle a permis une meilleure orientation de l’épargne
mondiale vers les investisseurs, mais, a aussi accru les probabilités
de risques systémiques ou « domino » c’est
à dire qu’un accident financier isolé se propage
à l’ensemble de la planète (crise financière
de 1997 et crise du crédit hypothécaire (subprime)
aux USA en 2008) du fait de l’imbrication des Etats par ces
trois rouages. Elle a aussi facilité le développement
des paradis fiscaux et gonflé artificiellement et virtuellement
la sphère financière. Des masses de capitaux financiers
sont mises en jeu par des parieurs ( « traders »), qui
prennent de plus en plus de risques jusqu’à mettre
en péril leur propre banque ( exemple de la société
générale).
De plus, cette très forte mobilité des capitaux internationaux
limite la portée des politiques économiques considérées
comme incompatibles par les agents économiques opérant
sur le marché financier mondial et, sanctionnant tout écart
par des opérations de change ou de transferts de capitaux.
Leur marge de manœuvre se trouve donc limitée par les
intérêts de certains acteurs économiques privés
appelés « les nouveaux maîtres du monde ».
Alors là aussi, faut-il laisser le marché décider
de l’orientation des capitaux ou, au contraire réglementer
ces flux financiers dans un souci d’éthique économique
?
Alors la transformation de ces trois espaces de l’économie
ne réduirait-elle pas le pouvoir relatif des Etats par rapport
aux forces du marché ?
A côté de cette nouvelle configuration de l’espace
économique, cette transformation accentue le dérèglement
naturel de notre planète. En effet, les profits d’aujourd’hui
font les nuisances de demain et les catastrophes d’après
demain.
Alors combien d’années de tempête, d’inondation,
de sècheresse, de déboisement des forêts, faudra-t-il
voir défiler devant nos yeux pour enfin stopper l’asphyxie
de la planète, et demain, celle de l’économie
?
A l’heure actuelle cette mondialisation se caractérise
par l’engrenage de ces trois rouages activés par la
main invisible « celle du marché » qui transforme
l’espace économique. Une telle transformation de la
dimension spatiale de l’économie accentue la concurrence
entre les biens, les services et les capitaux, mais élargit
également le champ de cette dernière à l’ensemble
des politiques publiques nationales,, à la culture, à
l’éducation, à la protection sociale, à
la fiscalité , aux règles et modèles d’organisation.
Ainsi la mondialisation de l’économie met en concurrence
des nations dont les valeurs, les institutions, les règles,
les richesses peuvent être différentes, ce qui explique
pourquoi la libéralisation des échanges et des capitaux
provoque des conflits entre les nations et à l’intérieur
de celles-ci.
Face à de tels enjeux, une organisation citoyenne de la mondialisation
ne serait-elle pas indispensable afin de préparer un meilleur
avenir pour les générations futures ?
Gérard Fonouni
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