Après la tempête financière,
le calme économique ?
« Qui sème le vent récolte la tempête
» dit l’adage…mais est-ce au contribuable de récolter
les fruits d’une crise financière que seule la folie
spéculative d’une poignée de financiers a contribué
à semer ?
Les espoirs d’une reprise économique pour l’année
2009 en Europe et en France semblent perdus, à en croire
les derniers chiffres de l’INSEE pour qui l’accroissement
durable de la production globale prévue pour 2009 serait
largement inférieur à 1%.
L’activité économique est donc entrée
dans une phase de récession.
Soumis à de multiples chocs conjoncturels et structurels
depuis le début de l’année 2008 (crise financière,
crise immobilière, énergétique et agricoles)
les trois rouages de la croissance sont à la fois déréglés
et bridés.
Le rouage du commerce extérieur qui pendant longtemps a tiré
la croissance grâce à des exportations soutenues, se
trouve sérieusement enrayé aujourd’hui, et son
déficit dépasse les 48 milliards d’euros. La
hausse de l’euro et la faiblesse de la compétitivité
de nos entreprises en sont les principales causes.
Ce rouage, fragilisé par la crise financière que connaissent
les Etats-Unis, entraine alors dans son sillage les deux autres
que sont l’investissement et la consommation.
L’investissement, sous la pression de la hausse des taux d’intérêt
et des restrictions du crédit, est promis à un affaiblissement
certain. La double crise financière et immobilière
venue d’Outre-Atlantique provoque un surenchérissement
du crédit et freine les investissements, plus particulièrement
ceux de l’immobilier.
Or, les difficultés du marché immobilier, par effet
de déversement, se propagent aux autres secteurs d’activité
ce qui n’augure rien de bon en matière de lutte contre
le chômage, dont une nouvelle augmentation en 2009 aggraverait
la récession.
La consommation, seul rouage à pouvoir tirer la croissance
dans la conjoncture actuelle, s’est progressivement essoufflée
et semble au point mort en cette fin d’année 2008.
Verrouillée par un pouvoir d’achat toujours en berne,
il est peu probable, qu’elle puisse à elle seule, soutenir
le redémarrage de la croissance économique en France.
La course effrénée au profit financier, dénuée
de toute régulation étatique, n’est pas créatrice
de richesses économiques. Les marchés spéculatifs
sont au fond peu soucieux d’un développement économique
qui les alimente pourtant. La libéralisation financière
a créé une finance opaque, complexe, où les
banques ne contrôlent plus l’offre de monnaie et de
titres. Or, l’absence de confiance amenuise le volume des
crédits accordés, ce qui ralentit la croissance. La
magie de la main invisible trouve aujourd’hui ses limites
et le « miracle du marché » semble avoir abandonné
les pontes de la finance internationale.
Mais cette crise sonne-t-elle pour autant la fin d’un libéralisme
financier débridé ?
L’Etat intervient à nouveau pour sauver le système
bancaire afin de préserver l’économie réelle
et rétablir au plus vite la confiance. Mais le coût
de ces opérations ne devrait-il pas être aussi supporté
par les spéculateurs cupides dont les activités spéculatives
pourraient bien reprendre, une fois le calme économique revenu
?
Au plus fort de la tempête, les Etats ont aujourd’hui
l’opportunité de mettre en œuvre des politiques
européennes communes capables d’enrayer cette crise
économique et financière.
Dans une telle conjoncture, un plan de relance européen
semble s’imposer à cour terme. Les 27 Etats membre
ou les 15 adhérents à l’euro, pourraient alors
considérer l’opportunité d’un partage
de la valeur ajoutée plus favorable aux salariés.
Un tel partage ne peut en revanche être efficient que si l’on
réduit la fiscalité des entreprises proportionnellement
aux augmentations de salaires qu’elles accordent. L’augmentation
salariale n’entraverait alors en rien la compétitivité
des entreprises européennes qui pourraient ainsi augmenter
les salaires sans en supporter le coût.
Stimulée par une baisse globale de la fiscalité, la
hausse généralisée des salaires à l’échelle
européenne, relancerait l’activité économique
selon un mécanisme d’effet multiplicateur. Le surcroît
de demande profiterait ainsi à l’ensemble des acteurs
économiques, et le niveau de vie des salariés européens
s’améliorerait grâce à une augmentation
de la part de valeur ajoutée qui leur serait allouée.
Le surcroît de consommation concourait alors à une
augmentation substantielle des recettes liées à la
TVA. Les entreprises augmenteraient leurs marges sans modifier leurs
prix du fait de carnets de commandes enfin remplis. Les actionnaires
conserveraient leur part de dividendes, et les banques reconstitueraient
leurs avoirs grâce à des dépôts supplémentaires
et qui sauraient garantir de nouveau les crédits.
Seule une demande soutenue au niveau européen peut créer
le climat de confiance favorable à l’essor de l’investissement
et de la consommation nécessaire pour faire redémarrer
la croissance.
Mais pérenniser et forger une confiance européenne
ne peut faire l’économie de mesures structurelles pour
enrayer la crise financière.
Il est donc particulièrement urgent de réglementer
et d’encadrer strictement, par des mécanismes européens,
des marchés financiers dont l’objet doit rester le
service de l’économie réelle.
Une nouvelle organisation financière européenne pourrait
voir le jour. Construite sur les mêmes principes que l’euro
par la mise en place de critères de convergences financiers
qui restent à définir, elle permettrait ainsi d’orienter
l’épargne vers l’activité économique.
Gérard FONOUNI |