Economie2000 |
Théories du
marché du travail
D'après P.Sigonney, C.Leroy et O.Marchand.
Avec la persistance d'un chômage à un niveau
élevé, les économistes ont été amenés
à rejeter l'hypothèse de parfaite flexibilité des
salaires. De nouveaux modèles s'efforcent de rendre compte de la
rigidité des salaires réels, ainsi que de son corollaire
: un ajustement du marché du travail reposant davantage sur l'emploi
que sur les salaires.
On peut différencier les rigidités endogènes
du marché du travail (au sens où celles-ci sont liées
au comportement même des agents économiques), des rigidités
plus exogènes (qui relèvent plutôt de la législation
ou de la règlementation : indemnisation du chômage, salaire
minimum ...).
Nous présenterons ici les rigidités
endogènes.
Les rigidités endogènes :
Les nouvelles approches micro-économiques de la
relation salariale montrent que le fonctionnement du marché du
travail n'est pas nécessairement concurrentiel.
-
Le salaire d'efficience :
Cette approche met l'accent sur le rôle des stratégies
d'incitation dans le déroulement du contrat de travail. Elle
permet d'expliquer la rigidité des salaires et peut aussi servir
de fondement théorique à l'analyse du dualisme du marché
du travail. L'hypothèse centrale est que la productivité
de chaque salarié dépend de son effort, lequel croît
avec le salaire versé. L'entreprise
engagera un salarié supplémentaire tant que la productivité
marginale reste supérieure au salaire réel par unité
efficiente de travail. Le salaire optimum, dit "d'efficience",
est alors tel que l'élasticité de l'effort par rapport
au salaire est unitaire. Il se peut que le salaire réel optimal
soit supérieur au salaire de réservation des chômeurs.
Dans ce cas, ces derniers souhaiteraient travailler pour un salaire
inférieur, mais les entreprises préfèrent ne
pas les embaucher à ce salaire qui diminuerait la productivité
des salariés déjà embauchés. Dans cette
analyse, tout choc qui modifie la productivité du travail tend
à modifier l'emploi sans changer le salaire réel optimal.
-
Les contrats implicites : L'incertitude portant
sur l'environnement incite les agents à conclure des contrats
susceptibles de les protéger contre les risques associés
aux aléas de la conjoncture. Dans ces modèles, la fixation
des salaires s'établit, entre employeurs et salariés,
selon des contrats implicites de long terme. Les salariés,
qui ont une aversion pour le risque, préfèrent s'assurer
auprès des entreprises contre l'incertitude portant sur leurs
revenus, par des contrats de long terme qui réduisent la sensibilité
des salaires aux fluctuations de la demande. Dans les périodes
de conjoncture favorable, les salariés reçoivent une
salaire réel inférieur à leur productivité
marginale, et inversement. Dès lors que l'aversion des entreprises
pour le risque est plus faible que celle des salariés, les
entreprises préfèrent ces contrats, car en moyenne,
la valeur attribuée par les salariés à l'assurance
ainsi fournie par les entreprises permettent à celles-ci de
les rémunérer à un salaire plus bas.
-
Le dualisme du marché du travail :
Cette segmentation oppose un secteur primaire, caractérisé
par des salaires élevés, une stabilité de l'emploi,
des bonnes conditions de travail et des perspectives de carrière,
à un secteur secondaire, dans
lequel les salaires sont plus faibles, le risque de chômage
plus important et les promotions inexistantes. Le dualisme du marché
du travail s'est accru à partir du milieu des années
soixante-dix. D'une part, le chômage touche davantage les travailleurs
les moins qualifiés, et d'autre part, le recours à des
formes d'emploi précaire s'est alors fortement développé.
Les modèles de marché dual expliquent à la fois
le rationnement sur le marché de l'emploi primaire, et la possibilité
de chômage pour les autres salariés. Le chômage
serait la résultante de l'existence d'une quasi-rente salariale,
que les salariés du secteur primaire peuvent s'approprier,
soit par l'exercice d'un pouvoir syndical, soit par leur pouvoir "d'insider"
dans le cadre de négociations salariales. L'ajustement global
ne se fait pas au sein de l'autre secteur dit "secondaire",
car la flexibilité du salaire estcontrariée par un système
d'indemnisations du chômage, une législation de salaire
minimal et une rémunération fondée sur un salaire
d'éfficience : l'équilibre du marché du travail
n'est pas atteint.
- Le modèle "insiders-outsiders"
: Sans faire référence aux syndicats, cette analyse
avance que les "insiders" (salariés du secteur primaire),
disposent d'une rente de situation leurs permettant d'obtenir des salaires
supérieurs sans que les "outsiders" (secteur secondaire
ou chômeurs) puissent leurs faire concurrence. Cette imparfaite
substituabilité tient aux coûts fixes liés au travail
(coûts d'embauche, de formation et de licenciement). La priorité
est alors accordée à ceux qui appartiennent déjà
à l'entreprise, et ceux-ci obtiennent des salaires supérieurs
à ceux qu'ils obtiendraient sur un marché du travail concurrentiel
dans le cadre de contrats individuels.
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