Economie2000

F.QUESNAY(1694-1774)

Texte de François-Régis MAHIEU : http://mapage.noos.fr/HISTOIREECONOMIQUE/

Les physiocrates:

Mots clefs: ordre naturel, droits de propriété, produit net, dépense, circuit macroéconomique, économie stationnaire. 
Généralités : 

 I- Les troupes: en grande partie des intendants et contrôleurs généraux des finances.

       Les précurseurs: Boisguilbert ( Le Détail de la France, 1706 ;le Factum de la France), Cantillon ( cf. supra) , Gournay ( père de la formule laissez faire/ laissez passer) mais ces précurseurs ne situent pas uniquement en France compte tenu de l’influence de l’agrarianisme anglais. 
Les principaux membres :
Dupont de Nemours ( 1735- 1817), il prépare avec Turgot l’édit sur la liberté du commerce des grains de 1764; inventeur de l’étiquette " physiocrate ", il sera amené à s’exiler aux États Unis à la fin de sa vie... 
Le Mercier de la Rivière, théoricien politique; il est séduit, comme Diderot, par l’expérience de Catherine II en Russie et expose sa conception du despotisme éclairé dans l’ "ordre naturel et essentiel des choses " 
Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau ( père de..), (1715- 1783), écrit " l’ami des hommes ou traité de la population " (1756) où il défend l’idée que la richesse dépend de la population qui dépend des subsistances lesquelles dépendent de la terre...c’est donc la terre qui est à l’origine de toute richesse. 
  Il rédige l’essentiel, avec Quesnay, de la " philosophie rurale " ( 1763). 

François Quesnay ( 1694- 1774) :

D’origine modeste ( son père issu de la terre est petit avocat au Parlement), il réalise des études de médecin chirurgien et devient médecin personnel de la Pompadour puis du roi. Il s’installe à Versailles qui devient le lieu de l’école. 
Il écrit deux articles de l’encyclopédie ( 1751): " fermiers " et " grains ",le tableau économique ( 1758) et aussi "  Le Droit naturel "  (1765) qu’il publie dans le " Journal de l’agriculture, du commerce et des finances ", journal dirigé par Dupont de Nemours; il y publie plusieurs commentaires sur le Tableau. Citons encore "  ses maximes générales du gouvernement d’un royaume agricole " (1758) et encore des propos ayant trait au despotisme de la chine ou encore au gouvernement des incas du Pérou. 
Les sympathisants: de nombreux contrôleurs généraux ( Bertin,1715-1788, grand protecteur de l’agriculture, Callone, et intendants des finances ( Truden, 1709-1769 et surtout Turgot..). 
Le sympathisant le plus connu est Turgot (1727- 1791), renonçant à la prêtrise et à l’enseignement, il devient intendant à Limoges où il effectue des recensements. Les idées physiocrates classiques sont très améliorées avec des théories nouvelles: minimum physiologique, loi des rendements non proportionnels. 

Les adversaires 
Les derniers mercantilistes: Forbonnet, l’abbé Galiani, l’abbé Terray et surtout Necker qui fera l’éloge de Colbert. 
Les classiques: Graslin ( 1727- 1790) selon lequel l’industrie peut être également productrice nette, ce que l’on retrouve chez l’ abbé de Condillac ( 1714- 1780) avec son ouvrage économique en 1776: du commerce et du gouvernement considérés relativement l’un à l’ autre. 
Les pré- socialistes ( Rousseau dont la philosophie sur l’ordre naturel diverge du conservatisme des physiocrates et surtout ses idées politiques sur la propriété et les inégalités; l’abbé Mably, Morelly). 
Voltaire dont le conte sur l’ " homme aux quarante écus " attaque la physiocratie... 

 II - Généralités sur la pensée des physiocrates :

La pensée des physiocrates a toujours été source d’interrogations tant elle repose sur des dilemmes, sinon apparaît contradictoire: 
 dilemme pensée réactionnaire/ moderne. réactionnaire quand elle fait appel à l’ordre naturel, à la propriété au royaume. 
 dilemme " secte française " ou mouvement international 
 dilemme entre pensée sociale " macro "( avec des catégories représentatives) et réflexion sur l’homme.
Ainsi Louis Dumont y voit la naissance d’un " tout ordonné ", sinon du holisme 
Elle commence ainsi par une réflexion sur la philosophie de l’homme.. puis des classes et finit par une réflexion sur les agrégats eux mêmes. Cette pensée peut être résumée par trois ordres: 

 

 a) l’ordre naturel: une certaine conception de la nature, l’homme et de la société. 
Il existe des lois naturelles: " ..la législation positive consiste donc dans la déclaration des lois naturelles, constitutives de l’ordre évidemment le plus avantageux possible aux homme réunis "  en société. ( Droit Naturel). Les transgressions du droit naturel sont la source de tous les maux. D’où une négation de l’histoire et une immuabilité de l’ordre des choses. La meilleure critique contemporaine est celle de Rousseau. 
L’homme est soumis aux lois naturelles, mû par l’hédonisme ( il est dans la nature humaine de maximiser son intérêt personnel) et une certaine sociabilité ( le XVIII° est le siècle de la bienveillance). 
La société, régie par le contrat social, met en harmonie les intérêts particuliers et la société; " l "’intérêt particulier est le premier lien de la société; d’où il suit que la société est d’autant plus assurée que l’intérêt particulier est le plus abri " ( Mirabeau). Les hommes sont égaux , mais l’inégalité est le fruit des différences de milieu et de capacité dans le travail. D’où l’idée que la liberté implique la liberté de sa personne et celle des choses acquises par le travail. 
Toute atteinte à la liberté du commerce et de l’industrie est une atteinte aux droits de l’homme; la liberté permet la concurrence et la diminution des coûts. Il faut donc condamner les monopoles et privilèges. 

 b) l’ordre économique: critiques du mercantilisme ( sur l’enrichissement, l’agriculture productrice nette, libéralisme afin d’assurer un revenu élevé à l’ agriculture), les rapports entre les classes et le tableau économique). 
 La richesse ne se confond pas avec le stock monétaire ( car tout dépend de la consommation productive, i.e ce que l’on peut consommer sans s’appauvrir. Elle ne se confond pas plus avec la population.
 L’expression de Mirabeau est restée célèbre: "  Les hommes se multiplient comme des rats dans un grenier s’ils ont les moyens de subsister " 
 Seule l’agriculture est productrice nette: 
"  Les travaux de l’agriculture dédommagent des frais, payent la main d’oeuvre de la culture , procurent des gains aux laboureurs et de plus, ils produisent les revenus des biens fonds( la rente foncière). Ceux qui achètent les ouvrages d’industrie, payent les frais, la main d’oeuvre et le gain des marchands, mais ces ouvrages ne paient aucun revenu au delà. 
L’industrie et le commerce sont stériles, et on ferait double emploi si, dans le but de calculer la valeur du produit national, l’on additionnait la valeur des biens agricoles et celle des biens industriels. 
 Seule la liberté peut assurer un revenu élevé à l’agriculture. Elle réduit les coûts et abolit les monopoles.
Elle permet d’ obtenir de bons prix et d’élever la productivité: 
"  Abondance et non valeur n’est point richesse. Disette et cherté est misère. Abondance et cherté est opulence ". 
( Quesnay). ( cf. edit GF. p. 111) 
La liberté intérieure et extérieure est la condition de la richesse: 
Turgot: "  Quiconque n’oubliera pas qu’ il y a des frontières entre les nations, ne traitera jamais bien d’aucune question d’économie politique ". 
 L’ordre économique règle les rapports entre les trois classes fondamentales: classe productive, classe des propriétaires et classe stérile. 
¤ La classe productive ( voir def . in GF p. 209): " celle qui fait renaître par la culture du territoire, les richesses annuelles de la Nation " Il s’agit en fait des fermiers qui font des avances: 
 avances primitives: dépense en capital fixe ( machines etc....). 
 avances annuelles: capital circulant ( semences et salaires). 
¤ " La classe des propriétaires comprend le souverain, les possesseurs de terre et les décimateurs ".(ibid p. 210).Elle subsiste par le revenu ou produit net qui lui est payé annuellement par la classe productive. Cette classe par sa distribution (naturelle) conditionne le développement harmonieux du pays ( cf; Malthus plus tard avec le rôle des dépense de luxe), il est donc nécessaire de protéger la " propriété foncière qui est le prolongement de la liberté individuelle... ". Ces propriétaires font aussi des avances, les avances foncières : fonds de terre ou infrastructures ( de la part du souverain). 
¤ La classe stérile. 
Tous les autres... dont les dépense sont payées par la classe productive et celle des propriétaires. 
Le tableau économique est le reflet de l’ordre économique :

Le Zizac

La troisième invention capitale après l’écriture et la monnaie ( Mirabeau). Dans sa première version, le ZIZAC, il montre le rôle central de la distribution effectuée pour moitié entre moyens de subsistance et pour moitié de produits façonnés (ou propension à consommer..) Soit une avance par la classe productive de 2 milliards qui produit 3 milliards dont 2 de produit net. Soit la classe productive (I) qui alloue ses 2 milliards de produit net à la classe des propriétaires ( II) ; celle ci répartit ses dépenses raison de 1 milliards pour classe productive (I) et I milliards pour la classe stérile ( III) et à leur tour chaque classe répartit à raison de ½ entre dépenses agricoles et commerciales etc....( voir p. 150 de GF). 
Le tableau lui même étudie les flux des dépense entre catégories représentatives, il est typiquement macro-économique et on peut même l’interpréter au delà de l’état stationnaire comme un phénomène multiplicateur. 

Soit 5 milliards d’avances annuelles, à raison de 2 pour la classe I, 2 ( en fait du revenu) pour la classe II et 1 pour la classe III. La classe II conserve sa propension à consommer ( I/2 entre I et III). Le milliard de la classe stérile est utilisé pour acheter de la subsistance à I . Néanmoins la classe I achète 1 milliards à la classe stérile. 
Au total, la classe productive auto consomme 2 milliards, verse 2 milliards aux propriétaires et achète 1 milliards aux " stériles ". Elle effectue ainsi 5 milliards de dépenses .

Extrait du site CHPE ( Paulette TAIEB) 
 

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Texte de François-Régis MAHIEU 
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