Les physiocrates:
Mots clefs: ordre naturel, droits de propriété,
produit net, dépense, circuit macroéconomique, économie
stationnaire.
Généralités :
I- Les troupes: en grande partie des intendants
et contrôleurs généraux des finances.
Les précurseurs:
Boisguilbert ( Le Détail de la France, 1706 ;le Factum de la
France), Cantillon ( cf. supra) , Gournay ( père de la formule
laissez faire/ laissez passer) mais ces précurseurs ne situent
pas uniquement en France compte tenu de l’influence de l’agrarianisme
anglais.
Les principaux membres :
Dupont de Nemours ( 1735- 1817), il prépare avec Turgot l’édit
sur la liberté du commerce des grains de 1764; inventeur de
l’étiquette " physiocrate ", il sera amené à
s’exiler aux États Unis à la fin de sa vie...
Le Mercier de la Rivière, théoricien politique; il est
séduit, comme Diderot, par l’expérience de Catherine
II en Russie et expose sa conception du despotisme éclairé
dans l’ "ordre naturel et essentiel des choses "
Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau ( père de..), (1715-
1783), écrit " l’ami des hommes ou traité de la population
" (1756) où il défend l’idée que la richesse
dépend de la population qui dépend des subsistances
lesquelles dépendent de la terre...c’est donc la terre qui
est à l’origine de toute richesse.
Il rédige l’essentiel, avec Quesnay, de la " philosophie
rurale " ( 1763).
François Quesnay ( 1694- 1774) :
D’origine modeste ( son père issu de la terre
est petit avocat au Parlement), il réalise des études
de médecin chirurgien et devient médecin personnel de
la Pompadour puis du roi. Il s’installe à Versailles qui devient
le lieu de l’école.
Il écrit deux articles de l’encyclopédie ( 1751): "
fermiers " et " grains ",le tableau économique ( 1758) et aussi
" Le Droit naturel " (1765) qu’il publie dans le " Journal
de l’agriculture, du commerce et des finances ", journal dirigé
par Dupont de Nemours; il y publie plusieurs commentaires sur le Tableau.
Citons encore " ses maximes générales du gouvernement
d’un royaume agricole " (1758) et encore des propos ayant trait au
despotisme de la chine ou encore au gouvernement des incas du Pérou.
Les sympathisants: de nombreux contrôleurs généraux
( Bertin,1715-1788, grand protecteur de l’agriculture, Callone, et
intendants des finances ( Truden, 1709-1769 et surtout Turgot..).
Le sympathisant le plus connu est Turgot (1727- 1791), renonçant
à la prêtrise et à l’enseignement, il devient
intendant à Limoges où il effectue des recensements.
Les idées physiocrates classiques sont très améliorées
avec des théories nouvelles: minimum physiologique, loi des
rendements non proportionnels.
Les adversaires
Les derniers mercantilistes: Forbonnet, l’abbé Galiani, l’abbé
Terray et surtout Necker qui fera l’éloge de Colbert.
Les classiques: Graslin ( 1727- 1790) selon lequel l’industrie peut
être également productrice nette, ce que l’on retrouve
chez l’ abbé de Condillac ( 1714- 1780) avec son ouvrage économique
en 1776: du commerce et du gouvernement considérés relativement
l’un à l’ autre.
Les pré- socialistes ( Rousseau dont la philosophie sur l’ordre
naturel diverge du conservatisme des physiocrates et surtout ses idées
politiques sur la propriété et les inégalités;
l’abbé Mably, Morelly).
Voltaire dont le conte sur l’ " homme aux quarante écus " attaque
la physiocratie...
II - Généralités sur
la pensée des physiocrates :
La pensée des physiocrates a toujours été
source d’interrogations tant elle repose sur des dilemmes, sinon apparaît
contradictoire:
dilemme pensée réactionnaire/ moderne. réactionnaire
quand elle fait appel à l’ordre naturel, à la propriété
au royaume.
dilemme " secte française " ou mouvement international
dilemme entre pensée sociale " macro "( avec des catégories
représentatives) et réflexion sur l’homme.
Ainsi Louis Dumont y voit la naissance d’un " tout ordonné
", sinon du holisme
Elle commence ainsi par une réflexion sur la philosophie de
l’homme.. puis des classes et finit par une réflexion sur les
agrégats eux mêmes. Cette pensée peut être
résumée par trois ordres:
a) l’ordre naturel: une certaine conception
de la nature, l’homme et de la société.
Il existe des lois naturelles: " ..la législation positive
consiste donc dans la déclaration des lois naturelles, constitutives
de l’ordre évidemment le plus avantageux possible aux homme
réunis " en société. ( Droit Naturel).
Les transgressions du droit naturel sont la source de tous les maux.
D’où une négation de l’histoire et une immuabilité
de l’ordre des choses. La meilleure critique contemporaine est celle
de Rousseau.
L’homme est soumis aux lois naturelles, mû par l’hédonisme
( il est dans la nature humaine de maximiser son intérêt
personnel) et une certaine sociabilité ( le XVIII° est
le siècle de la bienveillance).
La société, régie par le contrat social, met
en harmonie les intérêts particuliers et la société;
" l "’intérêt particulier est le premier lien de la société;
d’où il suit que la société est d’autant plus
assurée que l’intérêt particulier est le plus
abri " ( Mirabeau). Les hommes sont égaux , mais l’inégalité
est le fruit des différences de milieu et de capacité
dans le travail. D’où l’idée que la liberté implique
la liberté de sa personne et celle des choses acquises par
le travail.
Toute atteinte à la liberté du commerce et de l’industrie
est une atteinte aux droits de l’homme; la liberté permet la
concurrence et la diminution des coûts. Il faut donc condamner
les monopoles et privilèges.
b) l’ordre économique: critiques du mercantilisme
( sur l’enrichissement, l’agriculture productrice nette, libéralisme
afin d’assurer un revenu élevé à l’ agriculture),
les rapports entre les classes et le tableau économique).
La richesse ne se confond pas avec le stock monétaire
( car tout dépend de la consommation productive, i.e ce que
l’on peut consommer sans s’appauvrir. Elle ne se confond pas plus
avec la population.
L’expression de Mirabeau est restée célèbre:
" Les hommes se multiplient comme des rats dans un grenier s’ils
ont les moyens de subsister "
Seule l’agriculture est productrice nette:
" Les travaux de l’agriculture dédommagent des frais,
payent la main d’oeuvre de la culture , procurent des gains aux laboureurs
et de plus, ils produisent les revenus des biens fonds( la rente foncière).
Ceux qui achètent les ouvrages d’industrie, payent les frais,
la main d’oeuvre et le gain des marchands, mais ces ouvrages ne paient
aucun revenu au delà.
L’industrie et le commerce sont stériles, et on ferait double
emploi si, dans le but de calculer la valeur du produit national,
l’on additionnait la valeur des biens agricoles et celle des biens
industriels.
Seule la liberté peut assurer un revenu élevé
à l’agriculture. Elle réduit les coûts et abolit
les monopoles.
Elle permet d’ obtenir de bons prix et d’élever la productivité:
" Abondance et non valeur n’est point richesse. Disette et cherté
est misère. Abondance et cherté est opulence ".
( Quesnay). ( cf. edit GF. p. 111)
La liberté intérieure et extérieure est la condition
de la richesse:
Turgot: " Quiconque n’oubliera pas qu’ il y a des frontières
entre les nations, ne traitera jamais bien d’aucune question d’économie
politique ".
L’ordre économique règle les rapports entre les
trois classes fondamentales: classe productive, classe des propriétaires
et classe stérile.
¤ La classe productive ( voir def . in GF p. 209): " celle
qui fait renaître par la culture du territoire, les richesses
annuelles de la Nation " Il s’agit en fait des fermiers qui font des
avances:
avances primitives: dépense en capital fixe ( machines
etc....).
avances annuelles: capital circulant ( semences et salaires).
¤ " La classe des propriétaires comprend le souverain,
les possesseurs de terre et les décimateurs ".(ibid p. 210).Elle
subsiste par le revenu ou produit net qui lui est payé annuellement
par la classe productive. Cette classe par sa distribution (naturelle)
conditionne le développement harmonieux du pays ( cf; Malthus
plus tard avec le rôle des dépense de luxe), il est donc
nécessaire de protéger la " propriété
foncière qui est le prolongement de la liberté individuelle...
". Ces propriétaires font aussi des avances, les avances foncières
: fonds de terre ou infrastructures ( de la part du souverain).
¤ La classe stérile.
Tous les autres... dont les dépense sont payées par
la classe productive et celle des propriétaires.
Le tableau économique est le reflet de l’ordre économique
:
Le Zizac
La troisième invention capitale après
l’écriture et la monnaie ( Mirabeau). Dans sa première
version, le ZIZAC, il montre le rôle central de la distribution
effectuée pour moitié entre moyens de subsistance et
pour moitié de produits façonnés (ou propension
à consommer..) Soit une avance par la classe productive de
2 milliards qui produit 3 milliards dont 2 de produit net. Soit la
classe productive (I) qui alloue ses 2 milliards de produit net à
la classe des propriétaires ( II) ; celle ci répartit
ses dépenses raison de 1 milliards pour classe productive (I)
et I milliards pour la classe stérile ( III) et à leur
tour chaque classe répartit à raison de ½ entre
dépenses agricoles et commerciales etc....( voir p. 150 de
GF).
Le tableau lui même étudie les flux des dépense
entre catégories représentatives, il est typiquement
macro-économique et on peut même l’interpréter
au delà de l’état stationnaire comme un phénomène
multiplicateur.
Soit 5 milliards d’avances annuelles, à raison
de 2 pour la classe I, 2 ( en fait du revenu) pour la classe II et
1 pour la classe III. La classe II conserve sa propension à
consommer ( I/2 entre I et III). Le milliard de la classe stérile
est utilisé pour acheter de la subsistance à I . Néanmoins
la classe I achète 1 milliards à la classe stérile.
Au total, la classe productive auto consomme 2 milliards, verse 2
milliards aux propriétaires et achète 1 milliards aux
" stériles ". Elle effectue ainsi 5 milliards de dépenses
.